52310 – BOLOGNE


 

BOLOGNE

Km=605 

Mardi 12 septembre 1944

 

Engin de pontage US “Brockway”

 

 

 

 

 

 

 

13ème Bataillon du Génie

Extrait du J.M.O.

 

La Division reçoit l’ordre de progresser et de couvrir l’aile droite de l’Armée américaine qui doit attaquer NANCY et LUNEVILLE,
le premier objectif étant la MOSELLE.

L’ennemi, en effet, rassemble ses forces pour déborder le dispositif allié.

La 1e Armée Allemande qui reflue depuis PARIS a perdu la MEUSE depuis VERDUN jusqu’à sa source, mais n’a nulle part laissé entamer la MOSELLE. Depuis le 7 septembre, l’ennemi débarque dans la région de SAINT DIE ses nouvelles brigades. Deux d’entre elles sont acheminées vers EPINAL et vers REMIREMONT, la première franchissant la MOSELLE pour porter ses chars vers DOMPAIRE et DARNEY.

Evitant le noeud trop fort de NEUFCHATEAU pour progresser par le Sud vers THAON, CHATEL, le Général LECLERC, ayant le choix des passages entre NEUFCHATEAU et CHAUMONT va choisir les points faibles pour pénétrer le plus profondément dans la défense ennemie.

Aussi, le 8 au matin, les compagnies reforment leurs colonnes de combat et se dirigent vers le lieu de rendez-vous par leurs itinéraires respectifs :

la 13/1  SAINT-DENIS, vers CLAIRVAUX, LA FERTE SUR AUBE,
la 13/2  JOINVILLE, LAGNY, CHOISY, PROVINS, contours de TROYES, BAR SUR AUBE, CLAIRVAUX, LA FERTE SUR AUBE,
la 13/3  MONTEREAU, LES SIEGES, SENS, TROYES, BAR SUR AUBE,
la 13/4  BONNEUIL, GRETZ, MONTEREAU, CHAUMONT, TORIGNY, TROYES, BAR SUR SEINE.

Les effectifs se trouvent complétés du fait de l’engagement de nombreux jeunes gens désireux d’avoir leur part d’action dans le mouvement de libération en cours.

Dans la journée du 10 septembre, plusieurs reconnaissances sont effectuées dans le secteur de la FERTE SUR AUBE où une équipe de sapeurs de la 1e Section de la 13/1 patrouille sous la conduite du Sous­ Lieutenant CHOLLEY et pénètre dans CHATEAUVILLAIN.
Dans la soirée, le groupement de reconnaissance se place en couverture sur la MARNE où deux ponts doivent être remis en état.
Aussi la Compagnie d’Equipages 13/16, arrivée à midi à 3 Km au-delà de CHAMPIGNOL, sur l’I.C. 70, reçoit-elle dans la nuit l’ordre de pousser deux détachements de pontage à BOLOGNE et FRONCLES.

Le 11 septembre à 6 heures, les deux détaèhements, constitués chacun d’une section de la Compagnie 13/ 4, d’une escouade de la 13/16, avec une grue, un bulldozer, 6 Brockway de pontage, un compresseur, se rendent à BOLOGNE, où ils exécutent les travaux de franchissement du canal de la MARNE à la SAONE, et à FRONCLES, où ils renforcent le pont sur la MARNE, puis de là à VRECOURT où ils renforcent également le pont pour permettre le passage des engins lourds.

Ces franchissements sont exécutés posément, comme en manoeuvre; c’est la 2e Section de la 13/ 4 qui est laissée à la garde et à l’entretien des ponts, alors que les sections 1 et 3 avec le Capitaine DURCOS repartent en direction de l’EST.

 

 

 

 

DE LA MARNE A LA MEURTHE
PASSES D’ARMES AVEC MANTEUFFEL

 

Au début de la deuxième semaine de septembre, la Division se regroupe dans les vallonnements coupés de bois touffus de Bar-sur-Aube et du pays de Clairvaux. La Brie et la plate Champagne, que la guerre vient d’enjamber sans les toucher, nous ont vu défiler dans un roulement monotone.
Chacun y a décanté dans un silence relatif la riche expérience des derniers jours.

De ces tourbillons d’images, d’impulsions, de réflexes rapides, de liens hâtifs, de projets, nous avions émergé par un matin brillant, le 8 septembre, lorsque nos véhicules, avec leur ample complément de nouveaux camarades, avaient retrouvé d’instinct leurs places dans leurs colonnes, qui aux Invalides, qui au Bois, qui à la Plaine-Saint-Denis.
Les accueillants villages de l’Aube voient donc arriver des enfants encore une fois un peu perdus, qui doivent sans transition se transplanter d’ambiance. De Paris, la guerre s’était éloignée bien loin : ne la disait-on pas à Metz, voire à Aix-la-Chapelle ? Or, la revoici soudain toute proche.
Les F. F. I. de Châtillon, encore aux prises avec des isolés dans les bois, demandent immédiatement notre aide. Un peu plus loin, l’ennemi s’est organisé avec des effectifs importants groupés en points d’appui qui barrent les grands itinéraires et capables de résister aux chars.
Progressivement, ses intentions se dessinent.
La 1ère Armée allemande, qui reflue depuis Paris devant la 3e Armée américaine, a perdu la Meuse à Verdun et au sud, mais n’a nulle part laissé entamer la Moselle. Les éléments de pointe alliés, entrés dans les défenses de Metz, en ont été rejetés, et les Américains ne bordent plus la rivière qu’à Pont-à-Mousson et à Toul. L’avance américaine, étirée depuis Cherbourg et toujours ravitaillée par les seules plages de Normandie, n’est pas encore au point mort : de Toul, elle va menacer Nancy de front, franchir aussi la Moselle plus au sud, à Saint-Mard et à Bayon, attaquer Nancy par le sud et marcher vers Lunéville. Mais, inévitablement, elle a perdu de la puissance.
Déjà contre-attaquée au nord dans la région de Briey, elle présente vers le sud un immense flanc découvert.
Au delà de ce flanc, encore plus au sud, défilent en retraite désordonnée les unités allemandes de la Loire et du Rhône, les premières pourchassées par les F.F.I., qui coupent ponts et routes, harcèlent les colonnes, les deuxièmes refluant devant les débarquements de Provence.
C’est la 19ème Armée allemande qui est chargée de les recueillir. Sur le plateau de Langres, non immédiatement menacé, elle a pu tracer à loisir un grand arc de cercle : il s’appuie à Charmes sur la Moselle et son autre extrémité à la Suisse, vers Evian. Il passe par Neufchâteau, Chaumont, Langres. L’organisation déjà au point dans les centres importants se garnira et se complétera au fur et à mesure de l’arrivée des fuyards : Etats-Majors et officiers, repliés les premiers, sont en place, Ottenbacher à Langres et 16e Division à Dompaire.

Tout ceci, naturellement, nous ne le saurons qu’un peu plus tard. Nous ignorons aussi que cette large tête de pont à l’ouest de la Moselle, placée de façon propice sur le flanc sud de la 3e Armée, l’ennemi en fait la base de sa contre-attaque. Depuis le 7 septembre, il débarque dans la région de Saint-Dié (aussi loin que le chemin de fer le lui permet) ses nouvelles Panzerbrigaden : leur organisation simplifiée, mise au point pendant l’été et non encore connue du commandement allié, devait lui permettre de jeter rapidement dans la bataille les derniers chars produits par ses usines. Leur noyau était un bataillon de chars Panther (une cinquantaine) qu’épaulaient une trentaine de chars Mark IV, deux bataillons de grenadiers mécanisés, un groupe d’artillerie sur chenilles. Deux d’entre elles, la 112e et la 111e, étaient acheminées respectivement vers Epinal et vers Remiremont, elles devaient être suivies par la 106e. La 112e franchissait la Moselle, portait ses chars vers Dompaire et Darney, pour déboucher de Mirecourt.
La 111e devait étendre à l’ouest l’aile marchante de la contre-attaque, qui était confiée à un des généraux les plus capables de faire rendre le maximum au dernier outil en lequel la Wehrmacht mettait son espoir : von Manteuffel.
Dans l’Aube, cependant, nous retrouvons le XVe Corps, celui avec lequel nous avions combattu en Normandie. Sous les ordres du général Haislip, nous allons y être jumelés avec la 79e Division d’infanterie américaine. Derrière nous en Normandie, elle nous retrouve après un long périple qui l’a conduite jusqu’à la Belgique. Le Corps doit à la fois progresser et assurer le flanc sud de l’Armée. Nous, progresser et assurer le flanc sud du Corps, et ceci à partir de l’Aube. Le premier objectif étant la Moselle, cette mission s’étire à vol d’oiseau sur 150 kilomètres. Pendant encore deux jours le groupement Billotte assurera même la protection jusqu’à Montargis sur la Seine.
Nous éviterons le nœud trop fort de Neufchâteau pour progresser, la 79e par le nord, vers Charmes, et nous par le sud, vers Thaon-Châtel. Le Général a le choix de ses passages entre Neufchâteau et Chaumont : il choisira les points faibles pour s’insinuer le plus profondément possible chez l’ennemi, le frapper aux centres vitaux de ses arrières et achever par des assauts énergiques la chute des môles délaissés dans la phase initiale du combat.
L’action doit être menée avec vivacité à tous les échelons.

 

Entrée en lice

 

Le 10 septembre dans la soirée notre groupement de reconnaissance se place donc en couverture sur la Marne, et au cours de la nuit deux ponts sont remis en état. Le 11 au matin le groupement aborde pour la reconnaître la région d’Andelot, dont la défense est trouvée solide.
Le Général décide de passer plus au nord.
L’irruption en force dans le dispositif ennemi est confiée au groupement Langlade. Dio et Billotte restent échelonnés pour figurer ces racines qui sont, paraît-il, encore nécessaires jusqu’à Montargis. On les verra par la suite se déplacer tour à tour en jouant à saute-mouton.
Langlade, lourds en tête, suivant une formule éprouvée en Normandie, écrase donc à Prez un bouchon ennemi moins solide que celui d’Andelot, élargit la brèche jusqu’à Saint-Blin, dont les F.F.I. sont déjà maîtres quand il arrive, et franchit la Nationale 65 en deux colonnes : Minjonnet  au nord et Massu au sud.

La Meuse est bientôt atteinte à Goncourt et à Bourmont, dont la garnison capitule à 15 heures. Après avoir franchi les deux routes Neufchâteau-Chaumont et Neufchâteau-Langres nous sommes « dans la place », au cœur du dispositif ennemi.
Que nous réserve-t-il ? Nous en avons une idée encore bien vague.

Au passage à Leurville, nous avons recueilli au vol quelques renseignements auprès du chef local des F.F.I., celui qui commandait les gars de Prez et de Saint-Blin, dont la jeunesse ardente avait bondi en grappes sur nos Jeeps dès qu’il s’était agi de cueillir du boche.
La figure souriante, marquée de la calme bonne humeur de ceux qui vont loin, du capitaine Châtel nous avait promis de nous revoir.
Nous en avions recueilli déjà pas mal de ces promesses !
Cependant, dès que ses services sur place ne seront plus indispensables, Châtel suivra en volontaire avec quelques-uns de ses gars un peloton d’A.M. américaines ; en novembre, à Baccarat, il sera affecté réellement à notre Division.

Châtel nous avait annoncé les prochaines résistances à hauteur de Contrexéville.
De fait, à la tombée du soir, Minjonnet est arrêté à Saint-Remimont, tandis que Massu, qui trouve à Contrexéville même une garnison moins forte, enlève sa première ville d’eaux et va reconnaître les abords de Vittel…

 

12e CUIRS

Extrait du J.M.O.

COMBATS AUTOUR DE VITTEL

11 Septembre 1944.

Le G.T.D. est cantonné dans la région de Villars-en-Azois – Cunfin – Fontette.
À _H.00, le Commandant ROUVILLOIS reçoit le commandement d’un Sous-Groupement composé des unités suivantes :
– 1 escadron de chars légers : 1er Escadron du 12ème Cuirs, Lieutenant LENOIR,
– 1 peloton de chars de 105   : Escadron d’appui du 12ème Cuirs, Lieutenant BESNIER,
– 1 compagnie d’infanterie     : 3ème Compagnie du Ier/R.M.T., Capitaine JOUBERT,
– 1 batterie d’artillerie : 1ère Batterie du 3e R.A.C., Capitaine DUBOIS.
Le Sous-Groupement sera rattaché au G.T.V. et fera mouvement vers l’Est, dès l’aube du 12 Septembre.

12 Septembre 1944.

Passage de la colonne au point initial : carrefour de la R.N. et du G.C.,
Itinéraire : Clairvaux – Juzennecourt – Pont de Bologne – Andelot – St-Blin – Chalvraines – Bourmont – Vrécourt – Bulgnéville.
À Bourmont, une section d’infanterie est laissée en flanc-garde vers le Sud.
Arrivée à Bulgnéville vers 12H00, la colonne s’arrête sur la G.C.17 avant l’entrée du village.
Le Sous-Groupement reçoit la mission de tenir Bulgnéville – La Croix-St-Nicolas – Auzainvilliers.
Dispositif adopté :
– Croix-St-Nicolas : 1 peloton de chars légers, 1 section d’infanterie,
– Auzainvilliers : 2 sections d’infanterie, 1 peloton de chars légers,
– Bulgnéville (lisières S.O.): batterie d’artillerie et chars de 105,
– 1 peloton de chars légers.
Vers 14H00, le G.T.V., dont le P.C. est à Contrexéville, donne au sous-groupement mission de progresser sur l’axe St-Remiremont – Houécourt – Viocourt – Attignéville. Au delà de ce dernier village se trouvent, sans doute, les éléments de la 79ème D.I./U.S.
Effectifs engagés : deux 105 d’artillerie,
1 peloton de chars légers,
2 chars de 105,
1/2 section d’infanterie,
15 F.F.I. de Bulgnéville,
1 peloton de Spahis et une section du Génie sont envoyés en renfort.
À Houécourt, le Sous-Groupement se heurte à une forte résistance (infanterie munie d’armes antichars).
Au court de l’attaque, le détachement est renforcé par un peloton de chars moyens et une section d’infanterie.
Les derniers ennemis se rendent vers 19H00.
Prisonniers : 70
Armes détruites : un 75 anti-chars, 2 anti-chars légers.
Pertes du sous-groupement: 4 officiers et 7 hommes blessés.
Les unités engagées passent la nuit à Houécourt.

 

13 Septembre 1944.

Reconnaissance à l’Est et à l’Ouest sur la N 66.
Châtenois (Ouest de Houécourt) est occupé par les Américains.
À La Neuveville-s/s-Châtenois, 30 Allemands se rendent à l’aube (patrouille BESNIER).
Les Américains qui comptaient attaquer La Neuveville vers 08H00, après bombardement d’artillerie, sont prévenus que le village est libre.
La cité ouvrière et Gironcourt-sur-Vraines sont libres.
Des agents de liaison Américains annoncent que le G.C.3 de Vouxey à Removille et le G.C.13 (Rainville) sont contrôlés par la 79ème D.I./U.S.A.
La progression vers Attigneville devient inutile.
Le sous-groupement reçoit du G.T.V. la mission de relever le Sous-Groupement CANTAREL, au S./E. de Bulgnéville.
Articulation du sous-groupement :
– Houécourt : 1 peloton de chars légers en liaison avec les Américains,
– Dombrot-le-Sec : – P.C.,
– 1 peloton de chars légers,
– 1 peloton du R.M.S.M.,
– 1 section d’infanterie,
– 1 char 105,
– la batterie d’artillerie (lisière N. du village),
– Lignéville : – 1 section d’infanterie (P.C. compagnie),
– Bulgnéville : – 1 peloton de chars légers (P.C. chars légers),
– 1 section d’infanterie,
– 1 char 105 (indisponible).

 

 

Ce cliché a été pris le 12 septembre 1944 à Bologne (canton de Vignory) par M. Salmon.
Il représente l’enseigne de vaisseau Philippe de Gaulle,
officier au sein du Régiment blindé de fusiliers-marins (3e escadron) de la division Leclerc.
http://memoires52.blogspot.com/2012/

 

FRONCLES - Infos pratiques

 

 

 

 

BOLOGNE

 

 

 

EMPLACEMENT de la BORNE

La borne se trouve…