LIXHEIM
Lundi 20 – Mardi 21 novembre 1944
J.M.O – 12e R.C.A.
PREPARATIFS POUR STRASBOURG
12 Novembre 1944
Dans la matinée, la division envoie son ordre préparatoire d’opérations N° 189/3 fixant la mission de pénétration de la D.B. engagée dans la brèche que doit ouvrir le XVème Corps.
Le G.T.D. reçoit la mission de se porter, après un arrêt dans la région d’Avricourt, vers la région de Saverne, par les itinéraires A et B (axes non impératifs) avec le maximum de carburant et de vivres.
Itinéraire A : Gondrexange – Herzting – Carrefour 425-116 – Barchain – Kerprich – Langatte – Oberstzinzel – Flauwiller – Schalbach – Metting – Berling – Pfalzweyel – Dossenheim – Vallée de la Zinsel.
Itinéraire B : lgney – Habmutz – St Georges – Lorquin – Xouaxange – Sortie Ouest de Dannelbourg – Sarraltroff – Lixheim – Mittelbronn – Sarrebourg – Saverne.
Par son ordre N° 376/3, le G.T.D. constitue les sous-groupements et détache un officier de liaison auprès de la 44e D.l. US, pour suivre l’évolution de son attaque.
Composition du sous-groupement :
– 1 escadron de chars moyens – Capitaine GAUDET
– 1 Cie de fusiliers (2e compagnie du R.M.T.) Capitaine PERCEVAL
– 5e escadron du R.M.S.M. moins 2 pelotons, Capitaine TROQUEBEAU
– 3e escadron du R.B.F.M. moins 2 pelotons, Capitaine BONNET
– 2e Cie du 3e Génie moins 1 section
– 1 peloton de chars légers, S/Lt MERCIER
– le peloton de protection de la CCR du R.M.T. _
– le I/3e R.A.C., Capitaine DEMARLE.
En fin de journée, le G.T.D. donne l’ordre 379/3 :
“Le Sous-Groupement DIDELOT est groupement réservé et doit se tenir prêt à engager la poursuite, soit derrière le Sous-Groupement ROUVILLOIS, soit derrière le Sous-Groupement FOSSE. »
La journée du 20 novembre va se révéler décisive.
Sur l’axe D, le plus au sud, Massu livre toute la nuit du 19 au 20 et la matinée du 20 un dur combat d’infanterie contre le barrage allemand qui interdit sa progression.
Il déploie largement toute l’infanterie donl il dispose dans les bois adjacents et il se fait solidement appuyer par l’artillerie.
Il réussit dans la matinée du 20 à faire tomber la résistance allemande débordée de pan et d’autre par ses fantassins.
Il atteint le pont sur la Sarre Blanche dont il s’empare, intact, sous le feu de l’artillerie allemande.
Les pertes en tués et prisonniers allemands sont considérables.
Lui-même subit des pertes notables.
Une fois de nombreux abattis déplacés et franchis, il trouve la route libre.
II rattrape une colonne allemande en retraite qu’il décime.
Toujours sous une affreuse pluie, mais aspiré par le vide de la route, Massu franchit le carrefour de Rehthal.
L’itinéraire de Dabo paraît, en fin de journée du 20, ouvert pour le lendemain.
Minjonnet, sur l’axe C, se heurte à de solides résistances à Niderhoff et à Voyer.
Il doit combattre durement pour les faire tomber.
Au nord, le GTD commence lui aussi le 20 son exploitation à partir du pont de Xouaxange conquis intact par la 44e DI US.
Le sous-groupement Quilichini bouscule les résistances rencontrées et atteint le soir Sarraliroff au nord de Sarrebourg.
Le sous-groupement Rouvillois fonce à partir de 14 heures droit au nord par des petits chemins; il détruit les résistances allemandes, fait des hécatombes et réussit à s’emparer à Oberstinzel du pont sur la Sarre au moment même où l’artificier allemand allait le faire sauter.
La progression reprend à allure de course.
Au soir le détachement de tête fait irruption et s’installe dans le gros bourg et carrefour routier de Rauwiller.
Toute la nuit des véhicules allemands, ignorant la présence française, viendront s’empiler, détruits, aux quatre entrées du village.
Le 20, à 16 heures, Leclerc donne l’ordre au GTV de s’engager sur la route de Dabo, derrière le sous-groupement Massu, de le prendre à ses ordres, de l’appuyer et de pousser au maximum sur l’axe D.
Le sous-groupement Minjonnet, arrêté devant Voyer, quittera l’axe C trop bien défendu, rejoindra l’axe D au carrefour de Rhethal et suivra lui aussi la route de Dabo.
Au GTD parti vers le nord, Leclerc fait parvenir seulement l’ordre suivant :
« Poussez le maximum de vos moyens sur l’axe qui devant vous cède. Passez les Vosges et rabattez-vous sur Saverne que je compte attaquer par le sud. »
Au groupement R renforcé d’un bataillon de la 79e DI qui serre derrière au plus près, il confie de garder les arrières de la route de Dabo.
Durant la nuit du 20 au 21, le GTV suit et rejoint tous phares allumés, par une nuit noire et une pluie dense, le sous-groupement Massu.
Le but de Leclerc est de faire passer au-delà des Vosges le maximum de moyens pour mener ensuite la bataille de Strasbourg; auparavant, attaquer Saverne par derrière, ouvrir le col avec les divisions d’infanterie du XV corps et s’assurer une ligne de communication et de renforcement indispensable pour aller sur Strasbourg.
La journée du 21 donnera, sur les itinéraires nord et sud, la possession de deux passages au travers des Vosges.
Au sud, Massu reprend sa progression sur Dabo qu’il dépasse vers 10 heures après un bref combat.
Il franchit le col du Valsberg (692 m) vers midi. Il débouche dans la plaine d’Alsace et remonte au nord en direction de Saverne jusqu’à Reinhardsmunster atteint avant la nuit.
Le GTV qui suit Massu s’étale sur les pentes des Vosges face à l’Alsace.
Au nord, le sous-groupement Quilichini est arrêté, comme prévu par Leclerc, par une solide défense allemande devant Phalsbourg.
Pendant ce temps, Rouvillois reprend sa progression.
Il livre un dur combat à Schalbach.
Il décide de quitter son axe et de déborder largement au nord, par le col de la Petite Pierre qu’il connaît bien pour avoir été en garnison en Alsace avant la guerre.
Il utilise ainsi à plein la liberté d’initiative donnée par Leclerc dans son ordre d’opération.
Bousculant des résistances allemandes surprises à Siewiller et Ottwiller, il atteint vers 16 heures les abords de la Petite Pierre.
Il y rencontre une solide résistance.
Le détachement de tête appuyé par un tir fusant haut réussit à prendre la Petite Pierre à la nuit tombante alors qu’il est à deux doigts de tomber en panne de carburant, n’ayant pu être ravitaillé depuis le franchissement du canal de la Marne au Rhin.
Des centaines de prisonniers sont faits dans la citadelle de la Petite Pierre.
Le sous-groupement Didelot serre derrière le sous-groupement Rouvîllois dans une région qui fourmille d’Allemands surpris.
Pour la journée du 22, l’intention de Leclerc est d’attaquer par l’est la trouée de Saverne et de faire tomber les défenses de Phalsbourg en les prenant à revers.
Le GTL, avec ses deux sous-groupements Mînjonnet et Massu, monte vers Saverne par deux itinéraires parallèles sur les pentes est des Vosges. Minjonnet atteint les abords sud-ouest de Saverne vers 13 heures et prend aussitôt la route de Phalsbourg.
Il livre un dur combat devant Quatre-Vents jusqu’à la nuit.
La liaison avec la 44e DI US venant de Phalsbourg sera prise le 23 novembre à l’aube.
Le col est ouvert à la circulation alliée.
Le sous-groupement Massu descend sur l’est de Saverne : il est vers 14 heures au carrefour de la Faisanderie, à 5 km est de Saverne.
Il y fait sa jonction avec les éléments de tête du sous-groupement Rouvillois venant du col de la Petite Pierre.
On croirait le rendez-vous Massu-Rouvillois derrière Saverne prévu au chronomètre.
En effet, dès l’aube, Rouvillois a dévalé à vive allure les pentes est des Vosges.
Il atteint sans difficulté dans un paysage grandiose, enfin sans pluie, Weiterswiller.
Il se rabat alors droit au sud et rencontre au village suivant, Neuwiller, une résistance solide à base de 88.
Il la bouscule à coups de mortiers et la déborde largement par Bouxwiller.
La progression est rapidement reprise en direction de Steînbourg et du carrefour à 5 km est de Saverne, sur la route de Brumath et Strasbourg.
Pendant que Massu nettoie Saverne et y fait de nombreux prisonniers, Rouvillois pousse ses éléments de tête sur la route conduisant à Brumath et Strasbourg jusqu’à Wilwisheim à 15 km est de Saverne.
Ainsi le 22 au soir, le col de Saverne est prêt d’être rouvert à la circulation et cinq sous-groupements de la division sont étages sur les pentes orientales des Vosges, face à la basse Alsace.
J.M.O. – 12e Régiment de Cuirassiers
20 Novembre 1944.
À 07H30, le détachement LENOIR part pour Schalbach.
La patrouille OLLERO (chars DIEPPE et BAYEUX) en tête, le village de Lixheim est atteint et reconnu.
À la fin du nettoyage près du carrefour Est du village, le Chef OLLERO a sa tourelle traversée et est tué net d’une balle à la tête.
Il est fait une cinquantaine de prisonniers dans le village.
Le détachement reprend sa progression en direction de Bourscheid où, il est encore fait une cinquantaine de prisonniers.
Schalbach est atteint vers 09H00 ; au carrefour après le ruisseau de l’Eller, le S/Lieutenant CORAP, descendu à terre au cours du nettoyage, est tué d’une balle au cœur, tirée à 20 mètres.
Le détachement s’établit à Schalbach après avoir tué une trentaine d’allemands.
Durant ce temps, le détachement BRIOT parvenu à Rauwillers vers 8H00, quitte ce village vers 9H00, et prend l’itinéraire direct de Schalbach, suivi par le PC du Colonel. Il arrive à Schalbach sans incident derrière le détachement LENOIR.
Le Père FEUGEREU, aumônier du Génie, fait placer les corps du Chef OLLERO et du S/Lieutenant CORAP à la Mairie.
Le détachement LENOIR reprend alors la progression sur Veckerswiller et Siewiller, où il arrive vers 10H30.
La patrouille de tête est alors composée des chars DIEPPE et NORMANDIE à Siewiller, le Brigadier HILLIEN passe chef de char sur le BAYEUX et le Brigadier NIKEL sur le St LOT.
À Siewiller, quelques véhicules allemands sont détruits dont un camion avec une arme antichars par le NORMANDIE.
Le Brigadier HILLIEN est blessé par un conducteur de side-car allemand qu’il venait d’arrêter.
Il est fait environ 80 prisonniers.
Le détachement LENOIR reste jusqu’à 16H15 à Siewiller, il pousse alors jusqu’à Lohr qu’il tient durant la nuit.
Pendant ce temps, le détachement COMPAGNON (Peloton PERRIER) attend à Rauwillers le ravitaillement jusqu’à midi.
Le Sous-Groupement DIDELOT ayant alors rejoint, il quitte Rauwillers sans avoir été ravitaillé, il dépasse le détachement LENOIR à Siewiller et va à Petersbach déjà atteint par le détachement JOSSE (TD, sans éléments de l’escadron). Il passe alors en tête, il est 15H30.
Le Colonel ROUVILLOIS lui donne l’ordre d’occuper La Petite Pierre avant la nuit ; une reconnaissance de JOSSE rencontre une résistance, avec armes automatiques, au carrefour de la Maison Forestière, 1500 m avant La Petite Pierre.
Le détachement COMPAGNON se heurte à cette résistance vers 16H00.
Le char PARIS II, char de tête, est immobilisé par bazooka sans perte de personnel.
La Section LUCCHESI s’engage à pied avec l’appui feu des chars. Le carrefour est pris.
La progression reprend, mais retombe à nouveau sur une résistance d’infanterie, enterrée et disposant de bazookas ; après une sérieuse résistance, la position est enlevée, laissant sur le terrain une dizaine de prisonniers, une douzaine de tués et une quinzaine de blessés.
La progression peut alors reprendre avec un appui d’artillerie fusant sur La Petite Pierre.
La Petite Pierre est atteinte et nettoyée en dépit d’une résistance assez sérieuse, dans la partie Sud du village surtout, et vers la Redoute.
Il est fait une cinquantaine de prisonniers dont plusieurs officiers.
L’occupation de La Petite Pierre est organisée pour la nuit.
Le détachement COMPAGNON tient le bouchon Sud sur la route de Saverne.
Pendant ce temps, le détachement BRIOT est venu occuper pour la nuit Petersbach.
Pour l’escadron. la journée se chiffre par la perte du S/Lieutenant CORAP et du Chef OLLERO tués et du Brigadier HILLIEN blessé.
Au détachement LENOlR, par la perte du char PARIS II qui a pu être remorqué jusqu’à La Petite Pierre.
Au détachement COMPAGNON, le char SOISSONS II qui avait rejoint à Rauwillers, reste cette fois à Schalbach, en panne définitivement, où son équipage veillera les corps des tués de l’escadron.
Nous sommes maintenant sur le versant des Vosges descendant vers l’Alsace.
Pour le 22, l’intention du Colonel est :
– après avoir fait sauter le bouchon de la Ferme des Juifs, indiqué sur une carte trouvée sur un officier allemand dans le Sud du village,
– de foncer sur Weiterswiller, et de là, mettre la main sur le carrefour de Dettwiller et sur le pont du canal au Sud de Steinbourg.
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