72260 – DANGEUL


DANGEUL

Km= 2

 Jeudi 10 août 1944

 

 

 

Groupement Tactique LANGLADE
Sous-groupement MINJONNET
Sous-groupement MASSU

Au Mans, l’attaque du XVème Corps d’Armée US du Général Haislip en direction d’Alençon est prévue pour le 10 août à 7 heures.

Pour ce faire, la manœuvre nécessite de faire pivoter au Mans, toute la 5ème DB US plein Nord, avec pour axe de progression Savigné l’Évêque, Bonnétable, Marolles Les Braults, Mamers, puis la forêt de Perseigne.

La 2ème DB du Général LECLERC , qui est désormais affectée à ce corps d’armée US reçoit mission de mener la même offensive sur la gauche de la 5ème DB US.

La 2ème DB va contourner la ville par l’ouest et le nord. 
De Sablé sur Sarthe, la division est remontée vers Loué.

Les Allemands quant à eux ont mis en place une ligne de défense sur l’axe allant de Saint Marceau à Bonnétable, avec les troupes de la 9ème Panzerdivision, récemment arrivée de Nîmes.
Il faut ajouter à ce dispositif les débris de la 308ème Division Blindée et de la 130ème Panzer Lehr, principalement destinés à ralentir la progression des alliés par des embuscades antichars…

 

 

 

 

 

Sherman « Le Bordelais » du 12e RCA hors de combat

 

 

Extrait du J.M.O. du 12e R.C.A.

 

 

Le 10 août, le G.T.L. fut divisé en deux Sous-groupements.

Le premier aux ordres de MASSU reçut le 2e peloton du 1er escadron et le 2e escadron du Régiment, le second Sous-groupement revenant au Chef d’Escadrons MINJONNET, le patron du 12e R.C.A., qui conserva le 3e peloton du 1er escadron et ses 3e et 4e escadrons.
Cela permettait d’avoir des chars Sherman répartis dans les deux Sous-groupements.

La mission consistait à couper l’axe Falaise-Argentan-Alençon tenu par la 9e Panzerdivision allemande.
L’itinéraire du jour prévu : Le Chatelet Saint Pavace près du Mans, Savigné, Courceboeufs, le Sablon, Mezières, le bivouac à installer à l’orée de Dangeul.

Alors que le Sherman Cotentin en pointe du peloton de TRUCHIS du 1er escadron arrivait en vue du village de la Saunerie près de Ponthouin (Sarthe), il fut attaqué et détruit au lance-flammes.

Le MDL JEANNOT, Chef de char, fut brûlé, ainsi que le Brigadier Robert GROSJEAN, tous deux évacués vers l’arrière.

Le G.T.L. contourna donc Le Mans par l’ouest pour prendre ensuite la direction du nord-est par Sargé, Savigné-l’Evêque, Courceboeufs, au milieu des ovations de la population.
Le terrain composé de bocages rendait les manœuvres de chars très difficiles.
En tête du Sous- groupement MASSU, le 2e escadron du lieutenant COUPÉ du 12e R.C.A., avec ses deux chefs de peloton, l’adjudant-chef TITEUX sur son char Corse et le Lieutenant DOUBOSTER, deux anciens de la campagne de Tunisie.

Le Sous-groupement du lieutenant-colonel MINJONNET était réparti sur un front de six kilomètres, et avançait par quatre itinéraires parallèles.
En pointe, le char Bordelais du Lieutenant ZAGRODSKI et ceux de son 1er peloton du 4e escadron, suivi du 2e peloton du Sous-lieutenant d’ARCANGUES, du peloton de MISCAULT et derrière eux, les Half-tracks des Marsouins.

Tous étaient aux aguets, prêts à intervenir dès que le contact serait pris avec l’ennemi.
Soudain, vers 9 heures, à un carrefour à la hauteur du hameau Le Sablon, commune de Mézières-sous-Ballon, sur la D6 entre les villages de Ballon et de Bonnétable (Sarthe), le bruit d’un tir de canon et aussitôt le Sherman Bordelais du Lieutenant ZAGRODSKI, tiré par un antichars 88 allemand, s’enflamma.
Le copilote, le 1e classe Gabriel DIONNET et le tireur, le brigadier-chef Jules CLEMENT, furent tués sur le coup, le brigadier DONZELOT, pilote et le radio, le Chasseur MATHIEU, bien que sérieusement blessés, purent s’éloigner rapidement du char en feu.
Le Lieutenant ZAGRODSKI sauta lui aussi du Bordelais, mais à ce moment même, il fut fauché par un tir de mitrailleuse.
Il mourut immédiatement au bas de son Sherman.

Au même instant, le Sherman Armagnac qui suivait fut touché à son tour par un Jagdpanther et prit feu.
Son équipage put évacuer sans dommage, à l’exception du Chef de Char, le MDL Aurélien COMBALIE qui vraisemblablement a dû brûler à son poste dans le Sherman. Les deux chars suivants, Aquitaine et Entre-deux-mers furent également touchés alors qu’ils se repliaient.
Les blessés purent être évacués par les infirmiers et soignés par les deux médecins NETIK et CONILL.

 

Suivant les ordres du Capitaine HARGOUS, Commandant le 4e escadron, le char Navarre du Sous-lieutenant d’ARCANGUES et son peloton qui suivait, commencèrent une manœuvre de contournement par le village de Sargé-lès-Le-Mans, avec le soutien de l’Air Support de l’aviation américaine qui piqua, mitrailla et bombarda.
Lors de sa manœuvre, au lieu-dit Tertre de Grippe de la commune de Mézières-sous- Ballon, le Navarre fut transpercé de cinq obus perforants allemands, vraisemblablement par un canon de 88.
Le Sous-lieutenant fut éjecté. Gravement blessé, avec une jambe arrachée et l’autre fendue sur la longueur, il fut évacué par les Marsouins du II/R.M.T., mais auparavant, il eut encore la force de donner ses derniers ordres aux survivants : « Foutez le camp, nous sommes encerclés ».

Une ambulance américaine de passage le prit en charge quelques minutes plus tard. Il fut opéré dès son arrivée dans un hôpital de campagne à l’arrière, puis dirigé vers Le Mans. Il mourut en y arrivant.

Périrent également dans le char Navarre en flammes, le copilote le 1ère Classe Bernard PONTNEAU et le radio-chargeur le Chasseur Henri BAYONA. Le tireur du Navarre, le MDL de VAUMAS, et le pilote, le Chasseur de 1ère Classe CASTALION purent évacuer à temps le Sherman par le portillon.
Les Allemands les firent prisonniers au château de Dangeul du Comte de FLEURIEU. Alors qu’ils risquaient d’être fusillés, ils réussirent à s’évader et à rejoindre l’escadron.

Le Brigadier Etienne CAILLAT-GRENIER réussit à évacuer de son char, mais gravement brûlé et inerte, il fut considéré comme mort à l’hôpital du Mans quelques jours plus tard.
Heureusement, un médecin américain lui ayant fait le test du miroir, s’est aperçu qu’il vivait encore, a pu le soigner et l’envoyer en Angleterre où il a achevé sa convalescence.

Lors de l’intervention de l’aviation américaine, les chasseurs alliés se trompant de cible lâchèrent leur bombes au-dessus du Sherman Labourd qui n’avait pas son panneau orange identificateur du jour et qui prit feu immédiatement. Le MDL Alexis LABORDE, Chef de char, les Chasseurs de 1ère Classe Roland COURTY et André BOURNONVILLE, ainsi que le Chasseur René VIRAIZE périrent brûlés à l’intérieur de leur char. Le Chasseur Casimir BORDES qui se trouvait derrière eux, pilotant le Half-track Orion fut tué dans son véhicule. Il fallut beaucoup de temps pour libérer l’itinéraire de cet obstacle. Le 4 e escadron ayant bien souffert, le Commandant MASSU, et son Sous-groupement, reprit provisoirement la mission à sa charge.
Les Allemands s’étaient retirés en début de la nuit du 10 au 11 août et le sous-groupement MINJONNET put bivouaquer au sud de Dangeul après avoir entrepris le nettoyage du village. Le Chasseur Marcel COLLOT fut tué dans un verger à La Roussière, près de Dangeul, là où il avait été placé en sentinelle.

Le 11 août, à Louvigny quelques heures plus tard, le sous-groupement se fit à nouveau accrocher par quelques chars et plusieurs mitrailleuses ennemis embusqués près des premières maisons du village qui bientôt devint un véritable brasier. Dans ces échanges de tirs, le 4 e escadron eut deux nouveaux tués, le Brigadier Pierre CAZEAUX et le Chasseur Marc SERRUYA. Seront également tués à Louvigny les Adjudants Chefs Jean FRECHE et Auguste BOSSIER de l’Escadron Hors Rang.

 

 

 

 

Extrait de la Revue de la France Libre, n° 69, juin 1954

 

Cette première mission fut de courte durée : dans la nuit du 8 au 9 août, la division s’ébranlait pour un large mouvement tournant qui, amorcé plein sud, devait ensuite s’infléchir vers l’Est afin de prendre à revers la VIIe armée allemande. Les routes s’ouvraient en éventail, miraculeusement libres, entre les unités allemandes qui refluaient vers la Bretagne et vers Nantes et celles qui se reformaient hâtivement à partir de Mortain pour constituer à tout prix un flanc sud à la VIIe armée.
Le mouvement de la division s’accomplit avec une incroyable rapidité : partie dans la nuit de la région de Saint-James, où elle venait de subir un sérieux bombardement aérien, ses têtes de colonne se trouvaient le soir même sur la Sarthe où le XVe corps U.S.A. venait de conquérir, autour du Mans, une tête de pont d’une vingtaine de kilomètres.
Sans marquer de temps d’arrêt, les deux groupements de tête (groupement Langlade à droite et groupement Dio à gauche) passaient la rivière de nuit sur deux ponts établis par le génie U.S. et dès le 10 à l’aube attaquaient en direction d’Alençon, appuyés à droite par la 5e D.B.U.S.
Les conditions d’engagement de la division ne se présentaient pas sous un jour des plus favorables : la tête de pont étroitement embouteillée, la 5e D.B.U.S.A. encombrait nos itinéraires, les arrières avaient plus ou moins bien suivi dans la ruée depuis Avranches, l’échelon du 12e cuirassiers en particulier, durement touché par le bombardement de la nuit précédente, n’avait pu rejoindre à temps.
Peu importe, l’essentiel était de foncer à tout prix et de gagner le boche de vitesse avec Alençon comme premier objectif.
Le démarrage fut assez pénible : outre le flottement inhérent du premier jour de combat, la nature du terrain relativement accidenté et coupé de haies souvent infranchissables, rendait la progression difficile et se prêtait admirablement à l’action retardatrice de la 9e Panzer.
Cependant, le 10 au soir, la 9e Panzer était refoulée au-delà de la ligne Vivoin-Doucelles-Dangeul.
Le 11 au matin, la progression reprenait dans des conditions largement améliorées : la prise du point fort de Rouesse-Fontaine permettait d’enfoncer le centre du dispositif ennemi et de pousser hardiment en direction d’Alençon par Bourg-le-Roi et Champfleur que nous devions atteindre à la tombée de la nuit ; les ponts d’Alençon, clé du développement ultérieur de la manœuvre, étaient à portée de notre main.

 

La 2e D.B. (août 1944)

Au lieu-dit Le Sablon, près de Mézières, où le sous-groupement Minjonnet tombe vers 9 heures dans une embuscade :
cinq hommes du 12e Régiment de Chasseurs d’Afrique sont tués dont les officiers Zagrodzki et d’Arcangues, quatre chars sherman détruits et trois autres chars endommagés.

L’aviation américaine de soutien intervient.

Au carrefour de La Saunerie, l’avant-garde du sous-groupement Massu est stoppée par une attaque ennemie au lance-flammes touchant un char léger.

Le commandant Massu confie au capitaine Langlois, commandant la 6e compagnie du RMT, la mission de s’emparer du pont de la Saunerie.

Ce premier combat de courte durée est brutal et violent, mais le pont est intact.

La 2e DB déplore 23 morts, du 12e RCA et RMT en majorité.

Malgré les pertes de ce premier engagement, le moral est de retour. `

 

 

 

Le front allemand, sur le flanc sud du saillant, présentait lui aussi une lacune entre la Mayenne et la Sarthe, où combattaient les restes déjà très éprouvés de la 708e Division blindée et de la 130e Panzer Lehr. A l’est de la Sarthe, son aile marchante était confiée à une division fraîche et solide, la 9e Panzer, maintenue longtemps dans la région de Nîmes, et engagée seulement depuis l’avant-veille. Elle avait combattu en retraite entre la Mayenne et la Sarthe, qu’elle avait retraversée. Pivotant autour de son aile droite appuyée à la rivière, elle s’était alors alignée sur un front ouest-est, protégeant le nœud vital d’Alençon et les grands itinéraires de décrochage de la 7e Armée allemande. En combattant et en étirant la manœuvre, les deux ailes marchantes restaient front contre front : deux divisions blindées alliées, la 5e et la nôtre, face à une Panzer. Il n’était plus question de déboîter ou de se désengager : à notre échelon, l’affaire était devenue une épreuve de force.
Le pays est encore coupé de haies presque infranchissables. Nos chars progressent sur leurs quatre chemins, où il est relativement aisé aux canons automoteurs et aux antichars tractés de les attendre. Nous ne pouvons songer cependant à sacrifier aux vieilles règles de la reconnaissance préalable précédant des opérations de détail montées et combinées, ce serait par trop se prêter au jeu de l’ennemi, qui vendrait avantageusement du terrain pour du temps, et nous attendrait un peu plus loin. Le Général exige qu’on l’écrase dès qu’on le trouve, par des actions brusques et agressives, interrompant le moins possible la progression. Ainsi seulement notre menace pourra l’inquiéter profondément, compromettre son équilibre.
Pendant que sur l’axe gauche Savelli, qui précède Farré, surveille la Sarthe, le capitaine de Laitre saisit d’emblée l’esprit de la manœuvre, jumelle avec maîtrise ses chars et son infanterie, s’impose et progresse. Sous ses ordres, coloniaux et cuirassiers sont deux vieilles troupes, chacune avec son passé de combat. Longuement rodées ensemble à l’instruction, c’est cependant la première fois qu’elles abordent le feu en commun. De Laitre s’anime, multiplie et communique son impulsion : elle lui survit lorsqu’il tombe, victime de notre premier engagement. Au Sablon, la résistance est dure : elle nous coûte nos premiers Sherman. Le soir nous sommes à Vivoin, Doucelles et devant Dangeul, où un dépôt de munitions flambe et déflagre longtemps dans la nuit. La 5e Division blindée est en retrait vers Marolles.

Progrès, certes : mais le dispositif de l’ennemi n’est pas encore dissocié. A la nuit, pendant que sur nos arrières éclatent encore des coups de feu épars, il tente de réagir : nos hommes passent leur troisième nuit sans sommeil.

 

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10 AOÛT    

Dès 9 heures, le sous-groupement Mijonnet va aborder Mézières sur Ponthouin en venant du sud.

Au lieu-dit « Le sablon », le 12ème Régiment de Chasseurs d’Afrique, en tête, essuie le feu d’un important barrage ennemi.
2 Shermans sont hors de combat.

En tachant d’esquiver le barrage, le détachement essuie à nouveau des tirs d’antichars un peu plus à l’ouest et de violents combats ont lieu qui durent.
De nombreux chars et véhicules flambent.

La situation se renverse à l’intervention de 2 compagnies du R.M.T. qui contre attaquent et repoussent les Allemands.

PERTES AMIES : 23 tués, de nombreux blessés

Pertes ennemies : 25 tués, 40 blessés, 60 prisonniers.

 

 

 

 

 

« Jusqu’à 11 heures plus de 400 obus seront tirés sur nos troupes par les allemands, avant que les troupes du Commandant Massu ne tentent de prendre l’ennemi à revers.
Ainsi l’équipage du “Navarre” se lance en direction de Bonnétable pour tenter de contourner l’embuscade allemande.
Après une courte chevauchée, le “Navarre” est arrêté de plein fouet par un canon anti-char au lieu-dit “le Tertre de Grippe” en direction de Courcemont.
Faisant de même sur la gauche, les chars “Entre deux Mers”, “Guyenne” et “Aquitaine” seront les cibles de la 9° Panzer.

Il faut noter aussi , la perte de personnel et du char “Labourd” et du half-track “Orion” lors du bombardement par l’aviation US.

Nos troupes n’avaient pas encore en dotation de panneaux de balisage ».

 

 

 

VERS ALENÇON 

Suivant de très près la progression, le général Leclerc installait provisoirement son quartier général à Ballon et décidait de faire pousser vers Lucé-sous-Ballon et Meurcé.
Sur la droite de l’axe, à Mézières-sur-Ponthouin, l’engagement était si rude que l’on enregistrait la mort de dix-sept hommes et la destruction de plusieurs half-tracks et chars. Ces derniers appartenant au 12e chasseurs.

Au même instant, le G.T.D. rencontrait à Doucelles une forte résistance ennemie et les combats devenaient violents. Le 4e escadron du 12e cuirs perdait deux Sherman mais détruisait quatre blindés ennemis. La 3e compagnie du R.M.T. qui l’accompagnait enregistrait quatre tués dont le lieutenant Bissagnet, et l’adjudant-chef Delacroix ; il y avait également de très nombreux blessés qui étaient soignés par le lieutenant Karcher, alors que les morts étaient enterrés dans le cimetière du village avec l’assistance de la population restante.

Le lendemain, le village de La Hutte était atteint, mais l’ennemi y défendait l’important carrefour de la nationale 138 (Le Mans – Alençon) et la départementale 310 (Fresnay -Mamers).
Mais, si le combat était des plus sévères, l’énergie invincible des divers détachements permettait, après plusieurs attaques, d’occuper La Hutte, Saint-Germain et Coulombiers.
Il y avait de nombreux prisonniers ennemis et les Allemands étaient chassés de leurs positions, en abandonnant sur le terrain de nombreux cadavres et un plus grand nombre encore de blessés.
Ces trois attaques avaient malheureusement coûté la vie à quatre soldats du régiment de marche du Tchad et occasionné une dizaine de blessés.

(Guy Merle – L’Esprit LECLERC – Sur les chemins de la Liberté » )

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EMPLACEMENT de la BORNE

 La borne est installée …

 

 

 

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