Mardi 12 septembre 1944
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R.M.T.
Extrait du J.M.O.
Lundi 11 septembre.
Départ à 8 heures du matin. L’objectif lointain de la division est Epinal. Passage à St Florentin à 10 heures, à Troyes à 12 heures où le sous-groupement embryonnaire récupére la 329 Bie du Xl/64 (Lieutenant Singer) et une section du Génie, Vandeuvre (15 heures 15), Bar sur Aube (16 heures 45), Colombey les 2 Eglises (17 heures 15), Froncles (19 heures 15) où un assez long temps d’arrét est marqué pour le franchissement du Canal de la Marne,
les ponts étant sautés et les passages se faisant sur les ponts de l’usine. Finalement le sous-groupement atterrit à Bettaincourt à 20 heures 10 où nous passerons la nuit, nuit pendant laquelle le Lieutenant Dusehu et le Lieutenant Dehen, tous deux officiers de liaison au G.T.V. rentrent l’un dans l’autre. Coût : 2 officiers à l’hôpital et deux jeeps hors d’usage. Le Lieutenant VilIain de la 10e Compagnie est désigné pour assurer la liaison.
La situation est la suivante : la route de l’Est est à peu prés libre. Par contre, l’ennemi tient solidement Chaumont que nous avons contourné, Bourbonne les Bains et, plus prés de nous, Andelot.
Mardi 12 septembre.
Matinée passée dans l’attente. A 18 heures nous apprenons que le Général Billotte a envoyé un ultimatum à la garnison d’Andelot. Si la reddition n’est pas immédiate, Andelot sera attaqué toutes forces réunies.
La réponse ne venant pas, Andelot, marmité par toute l’artillerie du groupement, subissant une attaque convergente des sous-groupements la Horie et Cantarel où figurent les 9e et 10e Compagnies, est enlevé d’un assaut furieux.
Le butin est extaordinaire : plus de 600 prisonniers, des quantités de véhicules.
Vers 16 heures 30, l’ordre de départ parvient au sous-groupement Putz qui ne comprend plus du Bataillon que la 11e Compagnie et la C.A., plus des éléments de la C.H.R. et toujours la 33e Batterie et la section du Génie.
L’itinéraire est le suivant : Prez sous Lafauche (18 heures), Goncourt (18 h 25), Sommericourt -19h10),Medonville, Malaincourt, Vaudoncourt (19h40), Bulgnéville (19h55), Contrexeville (20h15), Dombrot le Sec (20h35).
A Dombrot le Sec, des bouchons établis par les tanks destroyers sont maintenus en place et renforcés de la C.A. et de la section du Génie pendant que la 11e/3 R.M.T. et la 2/501e s’installent à Ligneville.
Mercredi 13 septembre.
Le matin se passe sans incident.
A 14 heures, le sous-groupement se porte à Vittel où les éléments de Ligneville restent à la lisière Sud de la ville.
Le P.C. s’installe a “Vittel Soda », mais pas pour longtemps car vers la fin de la soirée, le Capitaine Geoffroy avec une section d’infanterie (Hebert, 11e Compagnie) et une section de chars (Michard 2e/501) est mise a la disposition du Cdt. de la Horie à Hymont.
On ne reverra le Capitaine Geoffroy que le 20 septembre à Haillainville après étre resté à peu près sans nouvelles de lui, ainsi d’ailleurs que les 9e et 10e Compagnies.
Quant au sous-groupement Putz, amputé de l’élément Geoffroy ainsi que bientôt de la section du Génie, il rejoint le Colonel Roumianzoff à Vallois et recoit, à la nuit tombante, l’ordre de se porter à Valfroicourt.
Le mouvement se fait sans trop d’incidents malgré la pluie.
A peine installé à Valfroicourt (chacun a juste le temps de s’endormir), le sous-groupement repart, sur l’ordre du Général, pour attaquer Ville-sur-Illon au petit jour aprés avoir marqué un temps d’arrét à Gelvecourt.
La 2e partie du voyage de nuit sera très dure : 2 H.T. de la 11e Compagnie culbutent dans le fossé, le Caporal-Chef Sanchez est tué, le Lieutenant Decamp blessé. En outre, deux cars transportant la Compagnie F.F.l. Piquet qui nous suit péniblement depuis Cerisiers rentrent l’un dans l”autre.
Enfin, pour corser le tout, une bonne partie de la colonne enfile la route de Dompaire à Bégnécourt doit faire demi-tour, et arrive à Gelvecourt juste au moment du départ.
Jeudi 14 septembre.
A 6 heures, la progression se fait prudente et dans l’ordre suivant :
Jumelage de Witasse (section Bachy 110 Compagnie, la Bourdonnais 2/501 ) P.C.
Jumelage Franjou (section Franjou 119 Compagnie plus Lacoste 2/501)
C.A. – Batterie 32
Tant de ruse ne servira à rien car Ville-sur-Illon est vide.
Enlevé hier par le G.T.L. le bourg a du étre abandonné sous une vigoure pression ennemie, ceci d’autant que le G.T.L. livrait un violent et vigoureux combat à Dompaire.
Au cours de la nuit, l’ennemi est revenu dans le village en mitraillant les rues et a tiré quelques coups de canon, incendiant quatre fermes.
A compter d’aujourd’hui le sous-groupement Putz est détaché au G.T.L. pour la couverture du flanc droit de la Division.
Vendredi 15 septembre.
Vers 10 heures, une menace semblant venir de l’Est sur le G.T.L. à Damas ne se précise pas.
Le reste de la journée est calme. Les fusiliers marins qui avaient installé des bouchons à Ville sur lllon sont relevés.
Par contre, l’escadron de Spahis Pallu vient s’installer à Pierrefitte.
Des renseignements concordants signalent que l’ennemi se retranche dans Epinal couvert par des éléments avancés en bordure du Canal de l’Est où il fait sauter les ponts.
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40e Régiment d’Artillerie
Texte de l’Amicale des anciens des 40e et 240e régiment d’artillerie (27 juin 2021)
HISTORIQUE DE LA BATAILLE DE DOMPAIRE avec le 1/40e RANA: du 12 au 14 septembre 1944
Le 12 septembre 1944, le sous-groupement Massu reprend sa progression en direction de Vittel, qu’il prend vers 13h30 et de là, pousse en direction de Dompaire.
La 3e Bie est en appui direct du sous-groupement.
Vers 18 h, les éléments de tête de ce sous groupement arrivent au contact d’une très vive résistance à Dompaire. Pendant ce temps, le sous-groupement Minjonnet progresse vers Esley, Sans-Vallois, Lerrain, Pierrefitte, Ville-sur-Illon, Damas et Bettegney.
Le groupe a suivi le sous-groupement Massu, effectue des tirs sur Dompaire dans la soirée et la nuit.
Le P.C. du G.T. s’installe à Ville-sur-Illon.
2e Bie : au jour, le peloton du R.M.S.M. essayant de contourner Saint-Remimont par le sud ne peut déboucher de Mandres.
Tandis que la 2e Bie accroche ses tirs vers 8h39 et que l’Escadron Du Hays fixe l’ennemi devant Saint-Remimont, le S/G Minjonnet reçoit ordre de décrocher et par un vaste mouvement tournant par le sud par Bulgnéville, Suriauville, Dombrot, Provenchères et Thuillières va contourner Vittel par l’est et le sud pendant que le S/G Massu, qui a pris contact avec l’ennemi la veille à Contrexéville qu’il a occupé, attaque Vittel par l’ouest.
Le contact est pris par l’Escadron Bayou. 1 char moyen détruit par une Mark IV, lui-même détruit par un autre char Bayou. La Batterie vient se mettre en position 6 km au sud de Vittel, prête à intervenir le cas échéant.
15 h. Le S/G Massu ayant pris Vittel opère sa jonction avec le S/G Minjonnet au carrefour 1 km nord-ouest de Valleroy et continue sur son axe pendant que le sous-groupement Minjonnet reprend l’axe Thuillières, Esley, Sans-Valois, Pierrefitte, Les Ableuvenettes, Ville-sur-Illon. A la nuit, le contact est repris à Damas et Bettegney pendant que le SIG Massu arrive devant Dompaire.
Le sous-groupement Minjonnet évacuant Damas s’installe pour la nuit à la cote 362. L’État-Major du G.T.L. occupe Villesur-Illon. L’ennemi marmite Les Ableuvenettes et la zone du bivouac. Quelques blessés du 12e R.C.A.
3e Bie : tirs de destruction et à vue. Concentration pour déga ger la route sur Vittel.
Notre reconnaissance est accrochée à 500 m à l’est de la ville qui est fortement tenue.
A 15 h, après une violente concentration sous les ordres du Capitaine Ramières, Vittel est prise et dépassée.
La colonne progresse vers Dompaire où elle est stoppée par une puissante défense.
La situation du sous-groupement est délicate. En tir à vue, une chenillette et un canon de campagne russe sont détruits. Après demande de renfort du Capitaine, les batteries du Groupe et un Groupe d’Artillerie américain participent aux tirs.
13 septembre 1944: le sous-groupement Massu reprend l’attaque sur Dompaire, aidé de l’Air-Support.
Le sous-groupement Minjonnet pousse en direction de la route de Dompaire, Épinal, pour couper la retraite aux Allemands.
Vers 15 h, une contre-attaque allemande venant de Pierrefitte, se dirige sur Ville-s/Illon.
Le P.C. du G.T.L. se replie.
La 2e Bie effectue des tirs à vue sur les chars ennemis ; l’Air-Support et un peloton de chars arrêtent cette contre-attaque.
Dans la journée, 57 chars allemands (Panthers) ont été détruits.
Le P.C. du G.T.L. s’installe à Lavieville au nord-ouest de Dompaire.
Le groupe est en position à 2 km à l’ouest. Ville-s/Illon est évacué, un bouchon est laissé à Ableuvenettes ; les Allemands n’ ont pas occupé Ville-sur-Illon.
1re Bie : à la tombée de la nuit, la Batterie est stoppée devant Dompaire.
C’est l’enfer : des explosions tous azimuts ; la nuit rougeoyante des explosions ; des colonnes de fumée partout.
Nous passons la nuit, piégés.
Le lendemain matin, un carrousel d’avions amis accompagne les tirs de tous les éléments du G.T.L.
L’ennemi subit de très lourdes pertes : plus de 65 chars détruits. Dompaire est libéré.
2e Bie :au jour, le S/G Massu attaque Dompaire.
Il est très violemment pris à partie par l’artillerie, les chars et l’infante rie ennemis.
Le S/G Minjonnet occupe Damas et Bettegney.
L’Air-Support, apparu vers 9h, pilonne Dompaire et ses abords occupés par un bataillon de chars « Panther » et de l’infanterie ennemie, pendant que le SIG Minjonnet détruit quelques véhicules ennemis entre Dompaire et Damas sur la route d’Épinal.
La Batterie Crespin en position à la cote 362 accroche au carrefour 915.997 et exécute quelques tirs à vue sur véhicules ennemis sur la route de Dompaire-Épinal.
Des éléments de tête de l’Escadron Bayou occupent le carrefour 920.580.
Vers 16 heures, tandis que le S/G Massu s’accroche très péniblement dans Dompaire, quelques chars Panther et Mark IV essaient de sortir de Dompaire à l’est. Ils sont pris à partie par I’Escadron Bayou et les T.D. de Damas ;
3 chars ennemis sont détruits à 300 m de l’observatoire de la 2e Bie, qu’ils commençaient à prendre à partie, par les chars de Damas.
Dès le départ de l’Air-Support, tandis que l’observatoire de la 2e Bie exécute des tirs à vue sur des véhicules ennemis évacuant Dompaire, le Ltn Beltran à la batterie de tir, signale des chars et de l’infanterie ennemie attaquant à 1 500 m de Ville-sur-Illon.
Il reçoit ordre de son capitaine de les prendre à partie avec la 2e Section, pendant que la1ère Section, aux ordres du Capitaine continue les tirs à vue.
Le Capitaine Crespin déclenche des concentrations du 40e sur les colonnes ennemies évacuant Dompaire.
Résultat des tirs : 2 Panthers immobilisés par le Ltn Beltran (28 Section),
2 Panther détruits par le tir de l’observatoire (Capitaine Crespin), quantité de fantassins tués ou blessés.
Pendant que le SIG Massu prend pied dans Dompaire, le G.T.L. évacue Ville-sur-Illon ; la 2e Bie est prise à partie par l’attaque sur Ville-sur-Illon à moins de 1 500 m.
Le Brigadier-Chef Seva, très gravement blessé sur la position est évacué et mourra le soir même à Begnécourt. Ville-sur-Illon étant évacué et la
1re Section de la 2e Bie étant venue prendre position 1 km sud-ouest de Damas, la 2e Section décroche et vient rejoindre la 1re Section.
A 19 heures, ordre d’évacuer Damas pour le S/G Minjonnet qui vient se réinstaller en P.A. fermé à la cote 362. La 2e Bie en position au centre, 1re Section face au nord-est, 2e Section face sud-ouest. A 21 heures, fusillade ennemie dans Ville-sur-Illon que l’ennemi traverse venant des Ableuvenettes. Nuit pluvieuse et calme.
3e Bie : l’ennemi reprend l’initiative sur le chemin de Madonne et déploie ses chars en direction de la cote 369 cependant que le bruit du canon s’entend vers Damas. C’est le SIG Minjonnet qui tente de contenir l’assaut des Panthers avec la 2e Bie du groupe commandé par le Capitaine Crespin.
L’offensive des Panthers fait maintenant peser une grave menace sur les deux Ss-Groupements. Heureusement, le Colonel Tower, de l’Air-Support, appelle à l’aide une escadrille britannique de chasseurs bombardiers et avec sa formation « de Thunderbolt » qui foncent sur les chars ennemis, c ‘est la débandade.
Pendant ce temps, la batterie exécute de nombreux tirs de concentration et les observateurs signalent que 8 chars ennemis suivis d’infanterie décrochent en direction du nord.
Le Capitaine avec le P.C. Massu atteint le cimetière de Dompaire. Harcèlement de nuit sur le cimetière.
14 septembre 1944 : le groupe vient mettre en position à 1 km à l’ouest de Dompaire. Ville-s-Illon est réoccupée par le sous groupement Putz du G.T.D.
A 15 h, une contre-attaque allemande d’une vingtaine de chars et d’infanterie portée est arrêtée sur la ligne Hennecourt-Corey par des concentrations d’artillerie. L’ennemi laisse 4 chars sur le terrain, dont deux au compte de l’artillerie.
Le G.T.L. installe son P.C. à Dompaire.
2e Bie : carte 1/50 000e Épinal : le S/G reprend sans combat ses positions de la veille à Damas.
La Batterie Crespin reprend ses positions de la veille à 19 h (sud de Damas).
A 8 h, le chauffeur « heisen » est blessé aux jambes par une balle de mitraillette partie accidentellement par suite de la chute de l’arme dans la voiture. Le S/G Massu occupe les trois-quarts de Dompaire et procède au nettoyage.
Vers 16h30, le Ltn Ballerin, officier observateur du 40e, qui était venu le matin même s’installer avec l’observatoire du Capitaine Crespin, signale des chars suspects vers 934.568, se dirigeant sur Hennecourt.
Pendant qu’une concentration est demandée au 40e vers 930.570, la Batterie Crespin déclenche des tirs à vue aux lisières sud-est d’Hennecourt vers lesquelles se dirigent les chars ennemis (6 Panther et 6 Mark IV).
Le Capitaine déplace au fur et à mesure de la progression des chars les concentrations sur le même point…
Les chars ennemis, violemment pris à partie, marquent un temps d’hésitation, puis disparaissent aux vues dans le ravin sud de Hennecourt.
Les tirs du 40e sont arrêtés. Seule, la 2e Bie continue vers la cote 312 pour parer à un débouché éventuel de chars.
La Batterie reçoit ordre de surveiller le ravin sud-est de la position d’où les chars pourraient surgir à 500 m d’elle sur les lisières de Damas ; au bout de quelques temps, la Batterie arrête son tir, restant prête à intervenir.
Vers 18 h 30, les chars ennemis réapparaissent aux lisières sud-est de Hennecourt qu’ils vont contourner par le nord.
Le Capitaine Crespin déclenche immédiatement les feux de la 2e Bie et les concentrations du 40e ; les chars disparaissent derrière Hennecourt ; un est détruit, l’autre immobilisé.
Aussitôt, l’Aspirant De Beauvais, observateur en liaison avancée auprès du Capitaine Langlois, qui occupe le carrefour 920.580, avec une section de la 6e compagnie, un peloton T.D., un peloton de l’Escadron Bayou, demande barrage antichar sur la cote 372.
Pendant que le Capitaine Crespin déclenche une concentration du 40e sur ce point, la batterie exécute également le barrage no H 1 qui avait été mis en place le matin même en 930.584.
Les T.D. et les chars prennent à 300 m sous leurs feux les premiers chars qui essayent de déboucher sur la côte et brisent définitivement la contre-attaque ennemie.
Les chars et l’infanterie ennemis se replient vers 19 h 15 par la route Dompaire-Épinal défilent aux vues de l’observatoire.
Les tirs du 40e sont arrêtés, 3 chars ennemis sont détruits sur la cote 372 par les T.D. et les chars de l’Escadron Bayou, plusieurs morts restent sur le terrain.
3e Bie : tirs de concentration.
De nombreux chars ennemis sont détruits ainsi qu’une batterie de « 150 » automoteurs.
De nouveaux raids du Colonel Tower sont observés décimant l’ennemi, cependant que le canon tonne toujours du côté de la 2e Bie aux prises avec une dernière réaction de l’ennemi menaçant Hennecourt.
La 3e Bie ajoute ses tubes à ceux du Groupement pour une concentration.
Ordre du Jour du Commandant Massu à toutes les Unités du S/G exprimant ses plus vives félicitations.
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PIERREFITTE