Vendredi 11 août 1944
Sous-groupement MASSU
La prise d’Ancinnes
Le 11 août 1944, vers midi, le sous-groupement du Commandant Massu se heurte à une forte résistance aux abords de Rouessé-Fontaine. Il reçoit l’ordre de laisser là quelques hommes afin de fixer les troupes allemandes en poste, pour que le reste de ses effectifs puissent continuer leur progression
Ancinnes contrôle l’accès à la forêt de Perseigne qui est utilisée par les troupes allemandes comme lieu de stockage et de stationnement de matériels, de munitions, de carburant et de soldats. Sa prise devient donc un enjeu prioritaire pour les troupes alliées afin de couper le ravitaillement des Allemands.
À partir de 16 heures, les chars du 12ème RCA arrivés par la route d’Ancinnette se déploient le long du Chemin de Passe-Vite à partir du Coudray vers la route de Louvigny, de manière à tenir sous leur feu à la fois le bourg et la lisière de la forêt.
Le char de tête est pris à partie et détruit au lieu-dit les Navrottes. Le pilote, Gaston Fievet, est tué sur le coup et Gilbert Gobillot, son aide pilote, est extrait du char, grièvement blessé. Il ne tardera pas à succomber à ses blessures.
Le Général Leclerc lance ses fantassins vers la vallée, protégés par la couverture des blindés depuis la crête.
Vers 17 heures 30, entre le Parc Sec et le Chesnay, une patrouille de trois hommes du Régiment de Marche du Tchad est mitraillée, causant la mort de l’adjudant Léon Pagnoux et du sergent-chef Dominique Missoffe.
Le duel d’artillerie se poursuit et, vers 18 heures, en riposte aux Allemands, un obus français tiré trop court tombe sur une tranchée occupée par des civils aux Guillebaudières.
Gaston Poirier, grièvement blessé succombera à ses blessures deux semaines plus tard. Trois de ses enfants, Jacqueline, 15 ans, Jean, 14 ans et le petit Gérard, 2 ans et demi, sont tués sur le coup ainsi qu’une voisine, Marie Huet, 44 ans.
À la fin de la journée, Ancinnes est prise.
Au total, 4 soldats français, 5 civils et 9 soldats allemands auront perdu la vie dans les combats du 11 août 1944 pour la libération d’Ancinnes.
Commune d’ANCINNES
Sur le chemin d’ALENÇON
(extrait de « 7 ans avec LECLERC » Général Jacques MASSU – Plon – 1974)
La nuit (du 10 août) sera calme : les Allemands ignorent que nous n’avons pas fermé l’œil depuis Saint-James. Ils nous permettent un sommeil réparateur.
Le 11 août je lance mon sous-groupement, à 7 h 30, vers Cherancé et Rouessé-Fontaine, dans la même formation que la veille.
Au carrefour de la route nationale 805, une ferme est tenue par les Allemands qui touchent deux de nos chars moyens. La section Gauffre, de la 5, avec un peloton de chars légers, atteint le carrefour et déborde l’ennemi, installé à Rouessé-Fontaine, par l’ouest. Le gros de la 5, appuyé par la Compagnie d’Accompagnement et deux pelotons de chars, dont le peloton Titeux de chars moyens, enveloppe la résistance par l’est et atteint Ancinette.
Vers 16 heures je découple la 6e compagnie qui, avec le peloton Rives, arrive la première sur Ancinnes, détruit trois automitrailleuses allemandes et capture 77 prisonniers. Le nettoyage est terminé à 19 heures. Nous avons perdu un char léger et, au cours d’un engagement assez violent, l’adjudant Pagnoux et le sergent-chef Missoffe de la 6. Frère du ministre François Missoffe, ce dernier s’était engagé à 15 ans en camouflant son âge. Les cuirassiers sont à ma gauche, à Bourg-le-Roi et Champfleur, où le lieutenant Krebbs détruit deux chars lourds de son propre canon. Le général Leclerc marche avec eux. Il aime être ainsi dans l’action, y participer parfois directement.
Mon sous-groupement passe la nuit en deux points d’appui, à Ancinnes et sur le piton qui se trouve au nord-est. Nous sommes à moins de 10 km d’Alençon. Le général fera en jeep, seul avec le commandant de Guillebon et son chauffeur, une reconnaissance de nuit jusqu’au pont et se trouvera au retour, sur la sortie d’Alençon vers Mamers, nez à nez avec une voiture allemande, dont le commandant de Guillebon aura le réflexe d’abattre le chauffeur de son Colt ; les occupants lèvent les bras. Aventure qui fera frémir rétrospectivement tous ceux de la Division, non encore habitués à voir le Patron prendre de tels risques !
Mais cette rencontre fortuite nous apprendra, grâce aux renseignements obtenus des prisonniers, que la 9e Panzer, réfugiée dans la forêt de Perseigne, abandonne cette nuit, sous les coups de Langlade et de la 5e Division Blindée américaine, cet abri pour se porter dans la forêt d’Ecouves.
Une autre division, la 116e Panzer, qui combattait à Mortain, vient de prendre liaison avec elle pour barrer la trouée de Sées, conduisant du Maine en Normandie par la vallée de l’Orne, tandis que la 2e Panzer se prépare à défendre le couloir de Cirai, menant vers l’éperon de Carrouges, qui domine tout le pays.
Ainsi l’adversaire escomptait-il couvrir, le temps nécessaire, les routes qui, de Condé et de Fiers, convergent sur Argentan avant de repartir, l’une, la N. 24 bis sur Paris, l’autre la N. 816 vers Trun et Rouen, dernières artères à gros débit, indispensables à son décrochage.
Le 12, au petit jour, le général Leclerc lance sur Sées le groupement Billotte, jusqu’ici tenu en réserve. Sées était l’objectif de la 5e Division Blindée, mais le général estime nécessaire de déborder la forêt d’Ecouves. Anxieux de traquer partout l’ennemi, il avait déjà entrepris de libérer Argentan, quand les Américains arrivent à Sées sur nos talons. Argentan redevient automatiquement leur affaire et Billotte reçoit pour objectif Ecouché, à dix kilomètres à l’ouest, qui commande également un pont sur l’Orne.
(Texte issu de www.normandie44lamemoire.com)
Ancinnes (72 Sarthe)
Les combats de la 2e DB dans la Sarthe
Les Allemands s’échappent dans la forêt de Perseigne
Depuis deux jours, la « bataille de la France » est réellement engagée pour la 2e D.B., commandée par le général Philippe Leclerc de Hauteclocque.
Le vendredi 11 août, le sous-groupement du commandant Jacques Massu a pour objectif Ancinnes, à la lisière ouest de la forêt de Perseigne.
Le capitaine Mathieu Rogier, chef de la 5e Compagnie du 2e Régiment de Marche du Tchad, prend la tête d’une colonne constituée, outre du « gros » de sa compagnie, d’un peloton de chars légers et un second de chars moyens.
À 15 heures, la colonne atteint Ancinette sans encombre, poursuit et bifurque à droite dans un petit chemin qui monte en pente douce.
Alors qu’il atteint la crête, le char léger M5 Poitou reçoit de face un obus perforant ; le pilote, Gaston Fievet, et le copilote, Gilbert Gobillot, sont tués sur le coup, les fantassins sautent des halftracks et engagent le combat avec les Allemands dans la vallée.
Le blindé détruit bloque le passage ; le 3e peloton de l’adjudant-chef Jean Titeux prend la route directe vers Ancinnes ; à peine a-t-il franchit la rivière Semelle, au Gué de l’Aune, qu’il essuie des coups de canons tirés du village.
Un long échange d’artillerie s’ensuit.
Les Allemands sont solidement retranchés, plusieurs blindés de la 9. Panzer-Division contrôlent les accès. Le commandant Massu envoie en renfort le groupe du Lieutenant Roger Rives-Henrys. Il est environ 18h30 lorsque le char de tête aborde l’entrée sud d’Ancinnes…
Les chars et les automitrailleuses se sont installés dans ces lieux :
Au centre du village à “le Chesnay”, où la route à Rouessé-Fontaine et à Ancinette rejoint la D106 à Bourg le Roi.
Aux abords du village à “le Gesmier”, près de la route forestière, à l’orée de la forêt.
Au sud-est, près de la ferme “le Pressoir”.
Sur le D19 au nord-est d’Ancinnes direction Alençon, près du “parc des Feuges”
Le long de la route à l’extrémité nord du village, qui mène à “Ville Gagnée” et “les Ormeaux”.
Dans le “Bois de Navrotte”, à l’extrémité nord-est de le chemin de terre le “Passe-Vite” qui traverse la crête de la colline au sud-est d’Ancinnes, entre le D19 et la route d’Ancinnes à Rouessé-Fontaine.
Dans la vallée du ruisseau “la Semelle”, près de la ferme “Montguillon”, au-dessous du “Bois de Navrotte”.
D’autres postes de mitrailleuse ont été situés dans les ruelles et les bordures de haies autour d’Ancinnes.
SARTHE - 1944
ANCINNES - Infos pratiques