RAUWILLER (Bas-Rhin)


RAUWILLER
Km= 1091

Lundi 20 novembre 1944

 

 

 

Dio donne au nord de l’ampleur

 

On a vu jusqu’ici huit jours de combats incessants, l’infanterie américaine dans la neige, la corrida Morel-Deville, le char Uskub et le colonel de La Horie à Badonviller, le groupement Guillebon peiner jusqu’à Cirey, Minjonnet accrocher le boche à Voyer, tandis que Massu faisait sauter l’obstacle de Saint-Michel, tout cela aboutir comme par un entonnoir à une route tortueuse et montante sur laquelle s’est engouffrée la charge pour redescendre de l’autre côté et s’étaler dans la plaine.

Pour donner de l’ampleur à la manœuvre, la pousser largement en Alsace, il ne pouvait être question de compter sur cet unique et frêle cordon ombilical. Il fallait, à nous et surtout à ceux qui devaient suivre, la porte de Saverne.
Saverne, premier objectif assigné par le Corps, débordé au sud par Dabo, était donc simultanément attaqué par le nord et par le centre.
Cette double tâche était menée par le groupement Dio.

Depuis trois jours ses deux sous-groupements, Rouvillois et Quiliquini, étaient prêts de leur côté, derrière la 44e Division d’infanterie américaine qui devait progresser à l’aile gauche du Corps.
L’infanterie américaine devait ouvrir le passage d’abord à travers la Vor-Vogesenstellung, puis sur le canal de la Marne au Rhin, avant que les blindés puissent être utilement lancés.
Les progrès au début sont lents : ce n’est que lorsque la 79e Division d’infanterie américaine à Blamont et Guillebon à Cirey auront enfoncé la Vor – Vogesenstellung que l’ennemi décrochera au nord, ordonnant le repli général sur Phalsbourg et la ligne des Vosges.

Dio est là pour s’assurer que, ce repli, il ne le fera pas à loisir.
Ses destructions même ne jouent pas complètement : sur le fossé antichars qui barre la route, son propre pont de bois nous livre passage et sur le canal un pont secondaire, à Xouaxange, est saisi intact dans la nuit.

Le 20 dans la matinée, tout le groupement s’engouffre sur ce pont en même temps qu’un groupement de la 44e Division d’infanterie, qui doit s’occuper de Sarrebourg pendant que Dio débordera au nord.
Trois colonnes, qui devaient primitivement disposer de trois itinéraires, refluent vers l’unique passage qui leur fera gagner quelques heures, sans attendre que les autres soient remis en état.

Tout passe quand même. Quiliquini et Rouvillois se remettent en éventail, débordent Sarrebourg en livrant, le premier surtout, quelques combats assez durs dans les villages et dans les faubourgs de la ville.
Leur fougue n’est pas longtemps contenue : bientôt tous deux bordent la Sarre.
Quiliquini y construira un pont dans la nuit.
Rouvillois, grâce au meunier d’Oberseltzel qui a enivré l’équipe allemande chargée de la destruction, trouve à sa disposition un passage intact sur lequel il franchit en trombe.

Il couchera ce soir à Rauwiller.

 

(La 2e DB- Général Leclerc – En France – combats et combattants – 1945)

 

 

 

 

12e Régiment de Cuirassiers
 J.M.O.

RÔLE DU 2ème ESCADRON DANS LA BATAILLE DES VOSGES ET DE STRASBOURG
(Extrait)

Source : Chars-Français.net

 

 

Le pont de Xouaxange a été trouvé libre et non détruit en fin de matinée.
Le Sous-Groupement QUILICHINI en a aussitôt commencé le franchissement en direction de Beling.

À midi, le Sous-Groupement ROUVILLOIS commence également le passage.
Le Colonel ROUVILLOIS donne ordre au détachement COMPAGNON, de partir sur Homing, devant lequel les américains sont encore arrêtés, et de reprendre là, son axe Barchain – Kerprich – Langatte – Haut Clocher – Delving – Ubergestigel ; il retrouvera probablement des éléments dans Haut Clocher, venus de Bobling.

Le reste du sous-groupement suit le détachement, débouche aussitôt en direction de Heming en longeant la voie ferrée, avec quelques difficultés en raison de l’inondation.
À l’arrivée au carrefour de Heming, le char SOISSONS II, récemment perçu en très mauvais état mécanique, tombe en panne.
Le Peloton PERRIER se trouve réduit à trois chars.

Le char PARIS II (Chef De CARGOUET) passe char de tête.

Aussitôt après le nettoyage de la partie Est de Heming où il fait quelques prisonniers, pour gagner du temps le détachement ne reconnaît pas Heming, parce que l’on voit les américains franchir par la station Marchin qui est trouvée vidée.
Le château d’Aberville est reconnu par la patrouille de tête (Aspirant AZINIÈRES, chars FYE et PARIS II).

Le détachement reprend la progression, il est accueilli par un feu d’ artillerie, de mortiers, au débouché du Bois de Noussard, sur Kerprich aux Bois.
Le détachement s’empare rapidement du village, le nettoyage rapidement mené et achevé par la patrouille de queue, permet de faire une trentaine de prisonniers, avec un oberfeldwebel, qui servaient deux mortiers de 81 et des armes automatiques.

Avant la fin même du nettoyage, la progression reprend en direction de Langatte en dépit de quelques obus reçus au débouché du village et vers la 294.
À l’entrée dans Langatte, la patrouille de tête surprend, en plein mouvement sur la route, une batterie hippomobile allemande de 150, ainsi qu’un convoi hippomobile. Le tout est mis en déroute et les servants tentent de s’enfuir à pied vers le bois à 1500 m au Nord.
Par dessus le village et la vallée, la patrouille de queue les mitraille et les tire à obus explosifs ; quelques allemands tentent de se défendre dans le village dont un nettoyage un peu plus poussé devra être fait ; ce sera la mission du peloton de mortiers et de la patrouille de queue, alors que la tête du détachement reprendra la progression.
Juste à ce moment une mitrailleuse allemande se met à tirer d’ une maison près du carrefour central du village. Le nettoyage permet de mettre la main sur une soixantaine de prisonniers laissés à la garde de quelques cuirassiers du peloton de mortiers et, surtout, un nombreux matériel :
– 4 pièces de la batterie d’ artillerie
– 4 mortiers en position dans la partie Ouest du village
– nombreuses voitures et chevaux.

Le détachement repart, tirant comme au lapin sur les allemands fuyant de Langatte et de Haut Clocher vers le Lekwald et le Beiwald.
Le détachement entre par l’Ouest dans Haut Clocher en même temps qu’arrive du Sud, le détachement BRIOT.

Un char commandé par le maréchal des logis BIDAUD, et axé vers le bois au Nord de Haut Clocher, stoppe une colonne d’artillerie lourde et fait 20 prisonniers, tandis que le S/Lieutenant COQUELET nettoie le reste du village.
Un prisonnier est fait dans un dépôt d’essence allemand qu’il devait détruire. Le détachement reprend sa marche des l’arrivée des américains, qui prennent à leur compte les prisonniers.

Le Colonel ROUVILLOIS donne l’ordre au détachement COMPAGNON de foncer immédiatement sur Dolving et de s’emparer à tout prix par surprise du pont sur la Sarre d’Oberstinzel, puis de s’emparer ensuite, si on en a le temps avant la fin du jour, du carrefour de Rauwillers.
Le détachement LENOIR suit immédiatement, il est 15H00.

Dolving est atteint sans encombre et le village reconnu est nettoyé rapidement, une dizaine de prisonniers. Le détachement se présente alors devant la Sarre, au Moulin de Sarreck.
Le pont n’est pas sauté, le Lieutenant LUCCHESI avec une patrouille à pied, va immédiatement reconnaître le village de Oberstinzel.

Pendant que le groupement du Génie du détachement LENOIR reconnaît le pont et coupe sa mise à feu, le pont est franchi sans encombre et Oberstinzel traversé, est salué par un grand enthousiasme par la population. Quelques prisonniers.

La marche reprend rapide en direction de Hellerig où est mis en déroute un convoi hippo allemand marchant tranquillement sur la route en direction de Rauwillers.
Pendant que les éléments de tête du détachement (patrouilles AZINIÈRES et PERRIER, section LUCCHESI) nettoient le village et dégagent la route des nombreux véhicules qui l’encombrent, le peloton de mortiers LECORNU et la patrouille de queue BALLESTER, mitraillent les fuyards allemands courant vers Geberval ; il y a une quarantaine de prisonniers dont un officier.

La progression reprend sur Rauwillers, par le chemin de terre Geberval, ce dernier est très encombré de véhicules hippo et auto qui ralentissent la marche et obligent à quitter la piste, aussi quelques H.T. s’embourbent.

Les éléments de tête se présentent devant Rauwillers (S/Lieutenant PERRIER et Lieutenant LUCCHESI), alors que le détachement est coupé derrière le char du capitaine par H.T. du Génie embourbé à 1200m. d’Hellering, Rauwillers est cependant occupé.
Une mésaventure manque de se produire : le feu ayant été ouvert entre les éléments de queue du détachement COMPAGNON débouchant de Geberval dans la demi-obscurité et les éléments de tête du détachement LENOIR (passés par Kirrberg). Ce feu est heureusement immédiatement arrêté grâce à la liaison rapidement prise entre les deux détachements.
À Rauwillers, les allemands sont complètement surpris. Les deux chefs de détachement décident l’occupation du village pour la nuit : issues Est et Sud au détachement COMPAGNON, issues Ouest et Nord au détachement LENOIR. Le Colonel ROUVILLOIS arrive immédiatement.
Dans l’obscurité, de nombreux allemands surpris sont faits prisonniers, toute la soirée et toute la nuit des voitures allemandes viendront se faire démolir sur les bouchons placés aux issues. Les allemands ignorent la main mise par nous sur ce carrefour important, à la tombée du jour, ainsi que notre passage de la Sarre.
L’organisation du détachement COMPAGNON est la suivante :
– carrefour Est : Peloton PERRIER et Section LUCCHESI,
– carrefour Sud : char 105 du Peloton PERRIER, Peloton mortiers LECORNU.
Celle du détachement LENOIR est la suivante :
– patrouille OLLERO sur la route de Hirschland,
– patrouille SALAUN sur la route de Kirrberg.

Le détachement BRIOT, après avoir occupé et nettoyé Haut Clocher, tient le passage de Dolving. La nuit est assez calme. Il faut signaler quelques coups de téléphone provenant des postes allemands de la région, ignorants que nous sommes à Rauwillers et la prise de quelques voitures allemandes, en particulier à 23H00, une jeep américaine occupée par deux allemands venant de Kirrberg est arrêtée dans le village (parce qu’elle marche tous feux allumés) par l’Aspirant AZINIERES.
Le Colonel, pensant le passage prévu des Vosges par Zinsel solidement tenu, prévoit de pousser, le lendemain matin à l’aube, un élément au carrefour de Siewiller et des reconnaissances à Lhor et Bust, en vue éventuellement, de tenter le passage par La Petite Pierre.

Le détachement LENOIR, augmenté du 105 BESNIER, prélevé sur le détachement COMPAGNON, partira en tête pour permettre au détachement COMPAGNON de faire le ravitaillement nécessaire, munitions surtout.

Le bilan de la journée pour l’escadron s’établit par la seule perte de la jeep ORGEIX par l’artillerie à Kirrberg et par la capture pour l’ensemble du sous-groupement de 300 prisonniers, de nombreux véhicules et de pièces d’artillerie, particulièrement à Langatte et Haut Clocher.

La Sarre a été franchie par un pont qui permettra le lendemain le passage de tout le G.T.D.

Le premier village alsacien “Rauwillers“ est libre.

 

 

 

 

 

RAUWILLER - INFOS

 

 

 

 

 

EMPLACEMENT de la BORNE

La borne se trouve dans la rue principale, au carrefour de la D 1 et de la D 172.

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