Vendredi 8 septembre 1944
Le 6 septembre, Leclerc s’autorise un jour de liberté, pour enfin aller retrouver sa famille.
La progression alliée a libéré la Somme. Il se rend en piper-cub à Tailly où il retrouve sa femme et ses six enfants, quittés à Sainte-Foy-la-Grande le 3 juillet 1940.
Les aînés de ses fils, dix-huit et dix-sept ans, Henri et Hubert, désirent s’engager. Il leur dît de se trouver le lendemain au bois de Boulogne, où stationne un bureau d’engagement.
Ils se présentent alors que le bureau est près de fermer. L’officier de permanence commence par les refuser : – Il est trop tard.
– Papa m’a dit de venir m’engager.
– Qui c’est, papa?
– C’est le Général. »
L’aîné est affecté au II/RMT du commandant Massu. Le second a l’escadron de protection du PC.
Leclerc est incontestablement fier de voir deux de ses enfants engagés à la division ; néanmoins, il ne les verra que de temps à autre.
Le 7 septembre, la division est recomplétée en personnel et en matériel, maïs pas en essence. Leclerc se tourne vers son 4e bureau :
« Quel est le GT qui a été le plus rigoureux dans sa discipline de circulation et qui est dans la meilleure situation au point de vue carburant ?
– Le GTL.
Le GTL quitte donc Paris le premier.
Le 8 septembre, venant de Paris avec son Command Car, le Général installe son P.C. au château de Fleurigny-Thorigny qu’il quittera dés le lendemain pour suivre la progression de ses unités.
«Vendredi 8 septembre 1944 – Fleurigny
Nous avons quitté Paris à deux heures après avoir rendu visite à Pleven et à Diethelm. Le Général a l’air fatigué. Pendant le déjeuner, chez Chaulant, il parle de la situation intérieure qui le préoccupe. Il reproche au Général de Gaulle sa mansuétude, alors qu’à son avis, la situation réclame de la fermeté. Il est heureux de lui avoir écrit que les Français veulent des hommes neufs. Pleven lui a cité, avec un aîr catastrophé, les noms d’une ou deux personnalités que le Général de Gaulle songerait à appeler auprès de lui. La franc-maçonnerie lui paraît un spectre très surfait, mais elle est encore redoutée.
Nous bivouaquons à Fleurigny, dans un joli château un peu triste. Cette demeure ancienne frappe beaucoup les Américains».
(Source : Christian Girard – Journal de Guerre – 1939-1945)
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