Jeudi 24 août 1944
LA LIBÉRATION DE GIF, BURES ET SAINT-AUBIN
En ce 24 août 1944, les habitants attendent avec impatience les troupes libératrices du général Leclerc qui se rapprochent. Ils savent que les Allemands tiennent solidement le plateau de Saclay dont les défenses ont été renforcées sur les routes des trois communes, à la ferme Moulon, occupée par des SS et PC de la compagnie chargée de la défense de Saclay.
Le 23 à Bures-sur-Yvette, des hommes du RMT du groupement Langlade ont effectué une reconnaissance. L’ennemi a fait une incursion sur Gif-sur-Yvette. On craint des représailles et le commandant Robin, chef régional du réseau Brutus-Boyer intervient avec ses hommes sur la route de St-Aubin à la ferme Moulon. Les deux volontaires partis en reconnaissance, sont tués.
Un peloton du 1 er régiment de marche de spahis marocains entré dans Gif-sur-Yvette en début de matinée, après avoir traversé le château de Button (actuellement CNRS) se porte au secours des FFI avec succès mais y perd deux hommes.
Peu après St-Aubin est libéré.
18 juin 1940 – 25 aout 1944 – 8 mai 1945
GIF-sur-Yvette – BURES-sur-Yvette – Saint-Aubin
Ces trois dates marquent, pour la France, les étapes de notre liberté retrouvée. Les événements intervenus sur le plateau de Saclay et les communes avoisinantes reflètent ce qui s’est déroulé sur tout le territoire national pendant l’été 1944 : une parfaite conjonction des forces de l’intérieur avec celles de la « France Libre».
L’appel du Général de Gaulle entraine la création de la résistance intérieure comme la formation de l’Armée de Libération.
Le commandant Robin, Buressois, responsable du réseau « Brutus-Boyer » de la région apprend que la 2eme D.B., partie de Saint-Martin de Varréville, arrive à Rambouillet, ce 23 août 1944.
Pour les Allemands, le plateau de Saclay représente le dernier point stratégique important à tenir car il contrôle les aérodromes de Toussus-le-Noble, de Villacoublay et la route du Pont de Sèvres. Il est donc important que le verrou saute pour permettre aux forces du Général Leclerc de foncer sur Paris, car le temps presse si l’on veut éviter des massacres et des destructions.
L’ennemi a installé des canons antichars de 88 sur les points d’appui que constituent la ferme de Moulon et de la Martinière. Ceux-ci sont tenus par une compagnie de S.S. dont la mission est d’empêcher la prise du carrefour du Christ de Saclay.
Le 24 au matin, le Commandant Robin envoie une trentaine de ses hommes (dont des Russes évadés de camps allemands) afin de nettoyer le terrain pour ouvrir le passage aux troupes de libération.
Au même moment, un peloton du 1er Régiment de Marche de Spahis Marocains (Groupement tactique Langlade, sous-groupement Massu) commandé par le sous-lieutenant Rouxel se dirige vers le plateau par la RN 306. Il entre dans Gif et remonte la côte de Belle Image à travers la propriété actuelle du C.N.R.S.. Il envoie trois automitrailleuses vers le chemin vicinal VC2,
A la ferme du Moulon, le combat fait rage : Louis Scoccard et Igorew Nikolaï sont mortellement touchés.
De leur côté les Spahis sont accrochés : Jacques Boutard et Maurice Laullé tomberont également : grâce à leur sacrifice et au courage de leurs compagnons la mission est accomplie, la route de Paris est ouverte.
Les noms de ces quatre héros sont gravés dans la pierre à la ferme du Moulon et au Rond-Point de Saint-Aubin.
Chaque année le 24 août, les honneurs leur sont rendus.
Ne les oublions pas car ils ont gagné notre liberté et permis de rétablir la République répondant ainsi au vœu du Général de Gaulle.
Je ne peux m’empêcher, pour terminer, de vous rapporter ce fait tragique : Jacques Boutard, Parisien, en arrivant à Gif, court vers le café (aujourd’hui : Restaurant Sheherazade) pour téléphoner à ses parents : « Je suis à Gif-sur-Yvette. Demain nous serons à Paris. A bientôt. Je vous embrasse. »
Il n’arrivera jamais et repose au cimetière de Saint-Rémy-lès-Chevreuse et Maurice Laullé dans notre Carré Militaire.
Colonel (H) André Colson
Souvenir Français
Contexte historique Service Historique de la Défense
Contexte historique service historique de la défense
De son propre chef, le général Leclerc décide le 21 août d’envoyer vers Paris un fort détachement de reconnaissance, dirigé par le commandement de Guillebon. Il en sera réprimande par son supérieur le général américain Gerow. Le détachement de Guillebon se compose de 10 chars légers, de 10 automitrailleuses et de 10 véhicules blindés et est constitué d’environ 150 hommes. Il démarre le 21 août à midi. Il a pour mission d’éviter tout contact avec les troupes américaines ce qui implique qu’il devra par lui-méme se rendre compte de la situation des troupes allemandes. En fin d’après-midi, il a atteint Nogent-le-Rotrou. De là, il divise son détachement en trois éléments qui vont respectivement avancer :
> vers Dreux et Houdan.
> vers Rambouillet.
> et vers Chartres, Ablis et Dourdan.
Les renseignements recueillis, soit auprès des organisations de la Résistance, soit auprès des éléments dont il est question ci»dessus, amènent de Guillebon à la conclusion qu’une attaque frontale par les routes directes de Rambouillet en passant par Limours, Orsay, Palaiseau, Massy, Antony puis Paris se heurtera à une forte opposition, mais qu’en se dirigeant plus à l’est de façon à entrer à Paris par le sud, l’avance sera beaucoup plus facile.
De Guillebon va lui-même jusqu’à Arpajon où il arrive à la fin de la journée du 22 et d’où il envoie de nouvelles reconnaissances en direction de Longjumeau. Il aurait pu sans doute aller plus loin, mais il lui faut tenir le général Leclerc au courant de ce qu’il a découvert.
Dans la nuit du 22 au 23, de Guillebon reçoit un message radio de Leclerc lui demandant « d’éclairer » l’axe RambouiIlet-Versailles.
De Guillebon tente de lui répondre qu’il est préférable d’aborder Paris par le sud, mais le message ne passe pas. Il se voit contraint le matin du 23 août de revenir à Rambouillet par Limours, pour rendre compte à Leclerc.
Avant de rencontrer Leclerc, de Guillebon lance deux autres reconnaissances. Ces reconnaissances sont menées par le régiment de Marche du Tchad sous l’autorité du chef d’escadron Morel-Deville. La première à partir de Rambouillet, emprunte la R.N. 10 en direction de Versailles. Elle est placée sous les ordres du lieutenant Bergamain. Le lieutenant Bergamain avance sur la nationale 10. A l’entrée du Perray, il se heurte à quinze chars allemands. Il est légèrement blessé et rendra compte a Leclerc le 23 août à midi, le visage ensanglanté.
Le même jour, à La Verrière, un élément de reconnaissance du 1er Régiment de Marche des Spahis Marocains chargé d’estimer le potentiel des forces allemandes est touché par un char Tigre, dissimulé sous des arbres, dans un verger adossé à une grange, au lieudit « l’Agiot ». Du carrefour de la Malmedonne s’élève une épaisse fumée noire ; le char « Sanglier » de la 2ème DB est détruit.
Sur les hommes d’équipage du char trois perdent la vie. il s’agit de : Blondeau, Louis Rink et Moïse Jardin.
Un monument situé en bordure de la R.N 10 rappelle cet événement tragique.
La seconde aux ordres du lieutenant Serizier doit reconnaître Dampierre, Voisins-le-Bretonneux, Guyancourt, Satory puis Versailles. La Commune de Voisins-le-Bretonneux occupe une position stratégique entre la gare de triage de Trappes et l’aérodrome de Guyancourt.
Les soldats de la 2e DB vont se heurter à une forte résistance allemande.
Après avoir libéré Dampierre le 23 août à 9h15, le peloton Serizier atteint Voisins-le-Bretonneux qu’il réussit à occuper.
Le gros du détachement Morel-Deville (2e escadron du 1er régiment de marche de Spahis marocains) s’installe aux Granges, près de l’abbaye de Port-Royal le 23 août, puis rejoint Voisins-le-Bretonneux le 24 en vue des combats qui vont se dérouler au nord de la localité.
Témoignage
Il y a soixante-dix ans presque jour pour jour, le Versaillais Charles Le Gall et la division Leclerc libéraient le sud des Yvelines. La dernière ligne droite vers Paris.
Les derniers jours du mois d’août 1944 furent marqués par de terribles combats entre les Allemands et les forces alliées dans les Yvelines. Nous terminons aujourd’hui notre série par les moments forts de la Libération.
Charles Le Gall remercie le destin : il a « la chance d’être encore là pour en parler ». A 93 ans, cet ancien sergent-chef intégré à la 2 e DB dès sa création officielle en 1943 est l’un des témoins les mieux placés pour évoquer la libération de Versailles et du sud du département. Car ce 24 août 1944, qui a vu les blindés du général Leclerc entrer sans heurts dans la cité royale, était surtout synonyme de retour au bercail pour lui.
Quatre ans plus tôt, en juin 1940, le jeune homme, qui vivait alors aux Clayes-sous-Bois et suivait une formation d’ébéniste tout près du château de Versailles, avait été l’un des premiers à franchir la Manche pour rejoindre le général de Gaulle. Il devenait ainsi « un « Français libre ». « Avec mon cousin, nous avons sauté dans un bateau qui avait déjà largué les amarres », s’amuse-t-il.
Formé au maniement des armes puis envoyé en Afrique équatoriale française, il passe plus de deux ans à parcourir le continent au volant de son automitrailleuse et à combattre les forces de l’Axe au Maghreb. Il est ensuite rapatrié en Angleterre avec la 2 e DB en vue du Débarquement et de la Libération.
Le front étant déjà avancé lors de son arrivée en Normandie, la progression de la 2 e DB, via Le Mans (Sarthe) puis Alençon (Orne), se révèle rapide, malgré les multiples accrochages. Le 23 août, l’ordre de libérer Paris est donné. Clin d’oeil de l’histoire, Charles fait partie d’un groupe de reconnaissance du groupement tactique Langlade, qui traverse dès le lendemain Guyancourt, Voisins-le-Bretonneux, le camp de Satory puis Versailles.
« Des routes que je parcourais à vélo quand j’étais gamin, reprend le vétéran. J’ai dit à mon lieutenant : Laissez-moi passer devant, Versailles, ça me connaît. » Arrivé devant l’hôtel de ville, il lance à ses hommes : « Vous n’avez jamais vu le château ? Regardez cette merveille. »
Mais le temps presse et la colonne doit se remettre en marche vers Paris sans que Charles ait pu donner signe de vie à sa famille, qui le croit mort. Son détachement passe la nuit suivante à l’hippodrome de Longchamp. « J’y ai trouvé un gamin à qui j’ai remis une lettre et une photo pour qu’il aille aux Clayes donner de mes nouvelles à mes proches. »
Une semaine plus tard, Charles bénéficie d’une permission pour effectuer un aller-retour aux Clayes au volant… d’une Opel confisquée à l’armée allemande. « J’ai quand même mis un drapeau français dessus, s’amuse-t-il. Quand je suis arrivé au village, tout le monde est sorti de l’église en disant : Charles est revenu ! J’ai pu dîner en famille avant de repartir. » Pour pourchasser encore les Allemands vers l’est. A la démobilisation, l’uniforme a été rangé dans un placard. « On voulait que j’aille en Indochine, j’ai dit non, conclut-il. J’avais signé pour quatre ans et pour défendre mon pays. Pas pour aller faire la guerre ailleurs. » Charles a préféré reprendre son métier d’ébéniste. Depuis soixante ans maintenant, l’ex-sergent-chef habite rue de Sceaux, à quelques pas de la rue de Paris, où il était passé en héros de la Libération.
Week-end > Yvelines| 23 août 2014, 7h00