GRUSSENHEIM
Samedi 27 – Dimanche 28 janvier 1945
Grussenheim, 28 janvier 1945
UNE POSITION DIFFICILE À ENLEVER
Fin janvier 1945, la liquidation de la poche de Colmar est la priorité de la 1re Armée du général de Lattre à laquelle participe la 2e division blindée.
Le 27 janvier 1945, le sous-groupement du lieutenant-colonel Putz du groupement tactique du colonel de Guillebon reçoit l’ordre d’intervenir pour renforcer le bataillon de la Légion étrangère du commandant de Sairigné de la 1re division française libre encerclé à Grussenheim.
Putz a installé son PC, sa jeep et ses deux half-track radio, au carrefour 177 à l’abri de haies près du village.
Avec trois compagnies du RMT, une du 501e RCC, un peloton de tanks-destroyers du régiment blindé de fusiliers marins, une antenne médicale et un groupe du 13 e génie, débute à la tombée de la nuit l’attaque tandis que les sapeurs de la 1re DFL installent le pont sur la Blind.
DE LOURDES PERTES
À 22h30, un déluge de feu ennemi met hors de combat une quarantaine d’entre eux.
Dans des conditions extrêmes de froid (-25° C) et de neige, les combattants subissent les assauts des fantassins allemands munis de cape blanche se fondant avec le paysage.
Le 28 janvier au matin, le pont installé, tandis que les légionnaires attaquent Grussenheim par l’ouest, Putz envoie le capitaine de Witasse par le sud pour prendre l’ennemi à revers.
Le village est ravagé par des incendies.
Putz est tué par un obus ainsi que de nombreux autres officiers dont le lieutenant Michard.
Son adjoint, le commandant Debray lui succède.
Les combats ne prennent fin qu’à l’aube du 29 janvier, 61 soldats de la 2e DB sont tués et 200 hommes, hors de combat.
Il y a eu « plus de pertes que de Baccarat à Strasbourg ».
Brusquement c’est l’effondrement allemand à Markolsheim et le 6 février, la poche de Colmar est liquidée ce qui fait dire au général Leclerc : « La cam-
pagne de France est terminée, la campagne d’Allemagne commence. »
GUIDE VERT LA VOIE DE LA 2e DB
« /…Je rappellerai que ce village est alors, pour les Allemands, la clef de voûte, le point clé dans ce que l’on a appelé la réduction de la Poche de Colmar.
La 1ère Armée lance son attaque avec le Corps d’armée du général de Monsabert.
La 2e DB doit détacher un de ses groupements pour soutenir l’attaque de la 1ere DFL.
Ce sera le GTV commandé alors par le colonel de GUILLEBON.
Ce dernier avec le Lt-Col PUTZ, savent qu’en plus des conditions climatiques qui sont exécrables, le terrain n’est pas propice à un engagement blindé dans le sens Ouest-Est car les obstacles naturels constitués par les rivières ILL, BLIND et les canaux, constituent pour les chars et les Half-tracks, des obstacles infranchissables ne permettant pas la manœuvre et l’exploitation, tactique adoptée depuis la Normandie par la 2eDB.
Malgré cela les deux sous-groupement PUTZ et SARAZAC sont engagés avec des unités de la 1ère DFL, pour s’emparer de Grussenheim.
Ces combats du 26 au 29 janvier 45, resteront malheureusement pour la 2eDB, comme un des plus meurtriers de la campagne de France.
61 cadres et soldats de la 2°DB seront tués.
En hommage à ses morts je voudrais juste en donner la répartition par régiments :
• 501°RCC : 5 OFF (dont Lt MICHARD, le 1er chef du Peloton entré à Paris le 24 août au soir) 1 S-OFF et 12 soldats
• RMT : 4 OFF dont le Lt-Col PUTZ cdt le s/grpt, 2 S-OFF et 28 marsouins
• RBFM : 3 OFF/4 marins
• 64° RADB : 1 OFF/1 S/OFF/ 3 artilleurs
• 1 3° GENIE :1 S-OFF
• 13° Bat Med. : 1 S-OFF
(au total : 8 officiers, 6 sous officiers, 47 militaires du rang).
LECLERC est furieux en apprenant ce terrible bilan.
Les pertes, tués et blessés à Grussenheim, sont plus importantes que celles consenties pour percer la Vogessen Stellung entre Baccarat et Strasbourg ou la bataille de Normandie en 3 semaines de combat.
Je n ‘oublierai pas, bien évidemment, d’évoquer les lourdes pertes, elles aussi, des frères d’armes de la 1ère DFL avec, en particulier, la 13° Demi-Brigade de la Légion Etrangère et les sapeurs du 17° RG.
A ces pertes militaires, je voudrais associer celles de ce village qui ont été très élevées, 25 victimes civiles durant les combats, sans oublier les nombreux hommes morts entre 39-45 (famille VOGEL avec 5 morts) ainsi que les déportés, dont des citoyens juifs, et les fusillés.
Il est donc indispensable que nous soyons là aujourd’hui comme chaque année, pour nous souvenir de tous ces morts…].
[…Je terminerai en vous donnant rendez-vous à l’année prochaine. Nous avons souhaité que les cérémonies du 75° anniversaire revêtent un certain lustre … Nous souhaitons démontrer que nous n’oublierons jamais le sacrifice de nos Anciens pour que la France redevienne un pays de paix et de liberté ».
Général Jean-Paul MICHEL
Allocution du général Jean-Paul MICHEL, le 27 janvier 2019
Obsèques du lieutenant-colonel PUTZ
Fantassins de la 2e section – 12e cie – III/RMT
( le Père du webmestre à droite sur la photo)
CARREFOUR 177
QUE DE SANG SUR LA NEIGE !
de notre correspondant de guerre Jean LEPELTIER
Extrait du journal « PATRIE » ~ 23 février 1945
Cette fois, il faut en finir…
Les contre-Offensives ennemies partout neutralisées, Strasbourg hors de danger, c’est à la Poche allemande d’Alsace, à la plaie que le sol français porte encore ouverte en son flanc que la 2ème Division Blindée va s’attaquer, en liaison avec la l ère Armée française.
26 JANVIER, depuis trois semaines la neige et le froid alternent leurs assauts.
Mais la nuit écoulée a été submergée de flocons ; toute vie se paralyse sous la couche ou devant ces murs blancs.
Ce matin, les cuirassiers devaient déboucher de la tête de pont d’Huttenheim, mais la neige à tout recouvert, si uniformément que les cheminements se confondent avec les fossés et ravins : impossible aux chars d’avancer…
En un autre secteur, un sous groupement de chasseurs d’Afrique sera plus heureux : il franchit l’ILL à 07h30 et a pour Mission d’atteindre à midi un carrefour dont la cote restera fameuse : 177.
En réalité, deux croisées de route se succèdent, du même côté, du nord vers le sud, et ce jumelage, ainsi que les conditions du terrain, faciliteront finalement la manoeuvre.
Les Boches nous attendent au nord.
L’épaisseur de la neige impose un détour par le Sud.
L’adversaire est surpris quand surgissent nos blindes.
Faute d’avoir pu être suivis par l’infanterie, ceux-ci ont opté pour un déboulé en force.
Six Chars Moyens traversent en trombe le premier carrefour, ‘USKUB’ en tête, dont on reparlera.
Ils annihilent toutes les défenses qu’ils prennent à revers et détruisent les canons automoteurs en position sur ce point, dont l’un, cependant, a eu le temps de faire volte-face et de stopper un de nos engins avant d’être lui-même atteint de plein fouet.
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Roger DORÉ- 3/RMT - Témoignage
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