HERBSHEIM
Km= 1028
Samedi 2 décembre 1944 – Samedi 6-Jeudi 11 janvier 1945
Les combats pour la libération de la commune d’Herbsheim se déroulent du 1er décembre 1944 au 13 janvier 1945.
Ils engageront plusieurs unités de la 2e DB puis à partir du 4 janvier des éléments de la 1e DFL.
Quelques jours après avoir libéré Strasbourg, la 2e Division Blindée reprend sa progression vers le Sud sur 3 axes principaux, pour participer à la réduction de la poche de Colmar. Le 1er décembre, le sous-groupement CANTAREL, comprenant : la 1e compagnie du 501e RCC, les 10e et 12e compagnies du RMT, une section du 13e Bataillon du Génie, appuyées par la 33e batterie du 34e RADB s’élance vers le Sud à partir d’Osthouse. A Obenheim, il prend vers l’Ouest la route de Sand, puis celle d’Herbsheim vers le Sud. Le froid est intense, le brouillard est épais.
La section de chars du lieutenant Robert GALLEY progresse en tête. Il dispose de 3 chars de sa section (Narvik, Bjervik, Ankenes) renforcés par les chars de la section de commandement Libye et Norvège. Arrivé sur sa position de départ dans les bois situés à 2 kilomètres au Nord d’Herbsheim vers 8h00 du matin, les premiers chars s’élancent prudemment en colonne. Peu avant l’entrée du village le Libye, char de tête, est atteint à deux reprises, par chance aucun membre de l’équipage n’est tué. La 2e section de la compagnie de chars et des fantassins du RMT tentent sans succès de déborder de part et d’autre mais parviennent à détecter un important barrage de mines. Vers 12h00, le commandement ordonne la suspension de l’attaque et le sous-groupement se replie pour la nuit le long de la route Sand – Obenheim.
Le lendemain, l’attaque reprend vers 8h00 du matin sur un sol gelé qui permet aux chars de progresser en dehors de l’axe menant à Herbsheim. Le Kila est venu remplacer le Libye dont l’épave fume toujours. Un violent tir de mitrailleuses et d’obus s’abat sur le détachement qui compte plusieurs blessés. La section GRANDPIERRE (3e section) de la 4e compagnie du 13e Bataillon du Génie, forte de 32 hommes se porte alors en avant pour déminer, sous le feu, l’accès au village. Sa première escouade est décimée par un coup direct sur le half-track qui la transportait, la seconde escouade est en partie anéantie lors des opérations de déminage. En une demi-heure, la section GRANDPIERRE compte 11 tués et 11 blessés évacués par les Rochambelles qui se sont portées à l’avant.
Mais la route est ouverte et les fantassins du RMT entrent dans le village suivis par les chars de la 1e compagnie soutenus par les quelques survivants de la section du Génie. Le Narvik reçoit une roquette de mortier sur la plage avant qui ne provoque que des dégâts matériels. Les Allemands qui se replient font sauter le pont de la rivière « Zembs » pour ralentir l’avancée des Français. C’est aussi dans ces instants que le sergent-chef de SCHAMPHELAERE, venu poster son char près du pont, est tué d’une balle dans la tête. Le « Chou » comme il était affectueusement surnommé était un des anciens de Norvège et avait participé à tous les combats depuis 1940. Il sera fait Compagnon de la Libération à titre posthume. Les combats se soldent par la capture d’une cinquantaine de prisonniers, soixante soldats allemands tués, au moins un canon antichar et un Mark IV détruits. Côté français, 1 char détruit, 1 autre endommagé, une soixantaine de tués et de blessés dans les rangs du RMT, du 501e RCC et du 13e BG. Plusieurs maisons du village ont été incendiées.
Le lendemain, le Génie établit un pont provisoire sur la Zembs sous le feu de l’artillerie allemande. Les jours suivants, tandis que les combats se déplacent vers le Sud, le village est occupé par la 33e batterie du 64e RADB qui effectuera des tirs contre les positions ennemies.
Durant la première quinzaine de décembre, plusieurs unités de la 2e DB se succèdent dans le village avant qu’elle soit relevée par la 1e DFL pour repasser au Nord de Strasbourg en soutien des Américains bousculés par les Allemands repassés à l’offensive.
Entre le 7 et le 12 janvier, une autre contre-offensive lancée par les défenseurs de la poche de Colmar vise notamment les villages de Friesenheim, Obenheim et Herbsheim tenus par le BM 24 et le Bataillon d’Infanterie de Marine du Pacifique (BIMP) soutenus par l’artillerie du 1er RA et des Tank Destroyers du 8e RCA. Assiégés plusieurs jours, les Français se défendent courageusement et tiennent bon jusqu’à leur relève par un bataillon de la Légion Etrangère.
Le village est définitivement libéré le 13 janvier 1945.
Christophe LEGRAND
J.M.O. IIIR.M.T.
(extrait)
Régiment de Marche du Tchad
Le Sous-Groupement « P » en réserve n’a pas de mission de défense.
Pendant ce temps le Sous-Groupement « C » a déboité à droite et au cours de la journée mène de rudes combats pour la conquête du village d’Herbsheim, La 10e el surtout la 12′ subissent des pertes sérieuses en particulier par l’artillerie. Finalement le village est enlevé mais la 12e a perdu plus de 25 hommes (tués et blessés] dont le Lieutenant Souriau qui venait d’arriver et qui est grièvement atteint. La 10e a une dizaine de pertes.
(Voir dans les annexes les C.R. de combat de la 10*Cie) (1)
Dimanche 3 Décembre.
Le Sous-Groupement « P » toujours à Gerstheim. A la nuit tombante 3 coups de canon tirés de l’autre côté du Rhin tombent dans le village. Un coup malheureux tue 2 hommes de la C.A. dont le Sergent-Chef Barnès, vieille et belle figure de la CA3.
Nous nous préparons à relever le Sous-Groupement Cantarel à Herbsheim et Rossfeld et au carrefour N. de la terme Riedhof. Les reconnaissances sont effectuées. Le Peloton de T.D. est remis à la disposition du Lieutenant de Vaisseau Guillon.
Lundi 4 décembre.
Le déplacement du Sous-Groupement se fait de Gerstheim sur les positions suivantes:
– Capitaine Comte avec 1 Section d’infanterie et 1 Section de chars à Herbsheim.
– Capitaine de Witasse avec 1 Section d’infanterie et 1 Section de chars à Rossfeid.
– Capitaine Troadec avec la C.A. et 1 Section de chars sur la route entre le carrefour de la cimenterie et la ferme Riedhof.-La tête à la hauteur de la Zembs au débouché Sud de la forêt (le pont est sauté et il ne fait pas bon montrer la tête).
– Le P.C. est au couvent de Ehl avec la S.R.O.
Le Sous-Groupement « P » se superpose au Sous-Groupement « C » lequel attend le rétablissement du Pont de Sand pour aller au repos.
Juste avant la relève la 10e perd 3 hommes à Rossfeld ; le Sergent Esperche qui meurt peu après avoir été blessé, le Lieutenant Garage et le soldat Choucroun qui sont blessés.
7 DÉCEMBRE 2019
HERBSHEIM
INAUGURATION D’UNE BORNE « VOIE 2e D.B. »
Discours de M. Michel CORNET-CARION, Président de l’Association des Anciens Combattants
et Amis de la 2e D.B. et 2e B.B. d’Alsace « de KOUFRA à STRASBOURG »
En tant que représentant du Général d’Armée Bruno CUCHE, président de la Fondation Maréchal LECLERC de HAUTECLOCQUE et président de l’Association Nationale des Anciens Combattants de la 2e D.B., je mesure l’honneur d’être parmi vous pour l’inauguration de votre borne du Serment de KOUFRA.
Après une 1ère victoire à KOUFRA en Lybie, le Général LECLERC annonce du fond du désert, en avril 1942 : « Nous ne sommes pas mûrs pour l’esclavage. Vive la FRANCE ». Il s’adresse ainsi à la France légaliste et les Unités qui en Afrique Occidentale et Equatoriale Française ne veulent pas prendre le parti des « Forces Françaises Libres ».
En grand tacticien, il enchaine les victoires. C’est la colonne LECLERC devenue « Force L » puis 2e D.F.L. qui devient la 2e Division Blindée. Le Général LECLERC promu Divisionnaire le 25 mai 1943 a la totale confiance du Général De GAULLE. Il est également reconnu et apprécié par le Maréchal MONTGOMERY et dispose des appuis des américains. Il va former et étoffer sa Division à TEMARA au Maroc. Transportée en Grande-Bretagne en mai 1944, la 2e D.B. est intégrée à la IIIe Armée U.S. du Général PATTON. Avec les Alliés, ce fut la montée en puissance, les tests opérationnels et enfin, le débarquement sur la plage de UTAH BEACH du 1er au 4 août 1944. A partir de SAINT-MARTIN-DE-VARREVILLE, 16000 hommes et plus de 5000 véhicules s’élancent pour une chevauchée foudroyante en Normandie, puis PARIS, DOMPAIRE, la grande bataille de chars et après « le Menuet de BACCARAT », sorte de ballet pour anéantir l’ennemi, déborde les Vosges pour libérer l’Alsace, en particulier STRASBOURG le 23 novembre, réalisant ainsi la promesse faite à KOUFRA de voir flotter à nouveau « nos couleurs, nos belles couleurs sur la cathédrale de STRASBOURG ».
MAIS encore fallait-il libérer entièrement cette belle province d’Alsace chère à la France. Le Général était très souvent au contact de ses Avants pour apprécier les manœuvres, conseiller mais aussi les galvaniser : « Foncez, foncez » leur disait-il.
Prenant la route du Rhin en main courante, et la D468 par ERSTEIN, le S/GT du LCL PUTZ commandant le 3e Bataillon du R.M.T. avec les chars du 501e R.C.C. 1ère Cie (CNE BUIS) et le LTN GALLEY arrivent aux abords de la Commune d’HERBSHEIM le 1er décembre 1944. Le 2 au matin, ils montent à l’assaut sous les tirs d’artilleries de l’ennemi. On comptera 22 tués dont 12 du R.M.T. Aucun d’entre ces morts n’a démérité tout comme les artilleurs de la 3e Batterie du 1er R.A.M. de la D.F.L, les Résistants, les Incorporés de Force et les habitants mais je citerai 2 noms pour leur exemplarité :
– le soldat Louis LECOUVEY du R.M.T. : M. LECOUVEY père ne veut pas laisser partir seuls ses 2 garçons : Ferdinand 20 ans et Louis 18 ans.
Ils s’engagent tous 3 à la 2e D.B. le 8 août 1944 : le père et Ferdinand dans le Génie, Louis au R.M.T. 3e Bat. 11e Cie.
Le père était ici à HERBSHEIM lorsque Louis fut tué le 2 décembre alors que Ferdinand
se trouvait dans une autre section sur un autre axe.
– le MDL/C Alfred DE SCHAMPELAËRE du 501e R.C.C.
En 9 mois de combats sur le territoire français, on dénombre environ 1600 tués et 4000 blessés de la 2e D.B.
Cette épopée du Général LECLERC a laissé des traces profondes et a marqué les générations qui ont suivi.
Doté d’un courage et d’une résistance physique hors du commun, homme de foi et d’exemplarité, empli de valeurs morales, d’humanité et d’une mission de justice, transcendant les opinions politiques, les croyances religieuses, LECLERC a su réunir des hommes venus de tous les horizons : 21 nationalités réunissaient les « Gars de LECLERC » derrière le drapeau de la France.
C’est pourquoi, aujourd’hui, votre Commune d’HERBSHEIM a décidé d’installer une borne en souvenir de sa liberté retrouvée et des valeurs de notre République défendues par la Division LECLERC.
Vive la 2e D.B., vive l’Alsace et vive notre France !