72170 – JUILLÉ (Sarthe)


JUILLÉ

SAINT-MARCEAU
Km= 333

 Jeudi 10 août 1944

Groupement Tactique DIO
Sous-groupement FARRET

 

Blindé allemand à l’affut

 

Au Mans, l’attaque du XVème Corps d’Armée US du Général Haislip en direction d’Alençon est prévue pour le 10 août à 7 heures.

Pour ce faire, la manœuvre nécessite de faire pivoter au Mans, toute la 5ème DB US plein Nord, avec pour axe de progression Savigné l’Évêque, Bonnétable, Marolles Les Braults, Mamers, puis la forêt de Perseigne.

La 2ème DB du Général LECLERC , qui est partie intégrante de ce corps d’armée US reçoit mission de mener la même offensive sur la gauche de la 5ème DB US.

La 2ème DB va contourner la ville par l’ouest et le nord.  De Sablé sur Sarthe, la division est remontée vers Loué.
Les Allemands quant à eux ont mis en place une ligne de défense sur l’axe allant de Saint Marceau à Bonnétable , avec les troupes de la 9ème Panzerdivision, récemment arrivée de Nîmes. Il faut ajouter à ce dispositif les débris de la 308ème Division Blindée et de la 130ème Panzer Lehr, principalement destinés à ralentir la progression des alliés par des embuscades antichars…

 

 

Lorsque quelques véhicules de reconnaissance abordent SAINT-MARCEAU dans la soirée du 10 août, le village est encore aux mains des Allemands et ils se heurtent à une forte résistance. Les combats causent la mort de 3 soldats et 2 civils.

[…Ce 10 Août, à 17h20,arrive la colonne de reconnaissance française de la 2ème D.B. du sous groupement du Commandant FARRET, constitué de blindés légers du 1er R.M.S.M., d’un peloton de chars du 12eCuirs et d’infanterie du 1er R.M.T. Ces 3 chars sont accompagnés de 4 jeeps, de 2 Half-Tracks bondés d’infanterie, d’une voiture radio et de 2 camions de ravitaillement et de munitions. Cette petite unité arrive à La Croix les Sablons, s’arrête, et se poste en observation.
Un peu plus tard. Le premier char prend le chemin des Sablons et se place en position pour tirer sur quelques véhicules allemands et de nombreux soldats de l’infanterie qui se retirent vers le Nord en direction des Aigremonts.
Le second char, guidé par les soldats d’infanterie du 1er R.M. T., se dirige vers le Bourg où il tire de nombreuses rafales sur de petits groupes de soldats allemands qui longent les murs de l’école et des maisons avoisinantes.

Après un pivotement au Calvaire, ce char se place en position de tir contre de l’infanterie allemande camouflée en bordure de la RN 138.
C’est là que le 1ère classe, Constantin GIRARDELLI du 1er Régiment de Marche de Spahis Marocains, est tué par des tirs allemands.

Le 3ème char se place en position de défensive vers l’ouest du bourg, orienté vers le bas du village et du pont détruit sur La Sarthe ; quelques tirs ont lieu en direction d’un petit groupe de soldats allemands qui cherchent à se retirer par le Chemin de Grimaud, ceux-ci venant probablement des environs du pont. Après s’être déployée dans le bourg pour effectuer un «nettoyage» d’éventuels tireurs ennemis, l’infanterie du I/R.M.T. aura l’occasion de regrouper une vingtaine de prisonniers isolés ou blessés, et de les rassembler sur la place de l’église.

Ce ne sera que vers 21h00  que cette unité de reconnaissance de la 2ème D.B., libératrice de Saint-Marceau, quittera le bourg en direction de Maresché pour reprendre son axe initial, vers La Hutte et Fyé…].

Michel VEYNACHTER – amicale du Pont – Caravane n° 478

Sur le chemin d’Alençon
par Jean CASTALION

 

Nous sommes le 10 août 1944, le 4e escadron doit attaquer en tête du régiment et rompre les positions allemandes face à nous ; il est environ dix heures au matin, soudain, un paysan arrive en courant et demande à voir le capitaine qui se trouve auprès du char Navarre du lieutenant d’Arcangues, 2e peloton, dont je suis le pilote.
Il a passé les lignes et annonce que toute la nuit des chars allemands sont arrivés et ont pris position autour du village de Mézières. Le capitaine le remercie pour son courage et les renseignements qu’il apporte (c’est la 9e Panzer).
Peu après, l’ordre est donné au 1er peloton du lieutenant Zagrosdki de passer à l’attaque sur la départementale n° 6 qui relie Ballon à Bonnetable. Subitement, le char du lieutenant a comme un soubresaut et stoppe, il vient de recevoir de plein fouet un 88 au poste de pilotage. Le lieutenant saute du char avec le chargeur et donne des ordres aux autres, mais il est fauché par la mitrailleuse du char allemand. Les deux chars qui suivent sont touchés à leur tour, le quatrième char sera détruit par une bombe d’un Thunderbolt quelques minutes après, pour avoir oublié de changer ses panneaux de signalisation.
Le capitaine Hargous se précipite à hauteur du Navarre et donne l’ordre au lieutenant d’Arcangues de déboîter sur la gauche et de passer à travers les haies pour prendre à revers les Allemands, afin de les obliger à décrocher.
Les cinq chars du 2° peloton foncent à travers le bocage normand, mais bientôt nous perdons de vue les quatre autres. Nous continuons seuls. A part quelques tirs à la mitrailleuse, R. A.S. Après quelque temps, mon copilote, Bernard Ponteau se met soudain à jurer. Je lui demande ce qu’il a. Il me répond que sa mitrailleuse s’est enrayée. Avec le tout terrain qu’on se paye, pas question de la démonter dans le noir de l’habitacle, malgré l’entraînement que nous avons eu.
Subitement, en contrebas du pré où nous sommes, nous débouchons sur une route goudronnée. Personne aux alentours. Nous poussons un soupir de soulagement. Le lieutenant fait tourner la tourelle du 75 vers l’arrière, persuadé que l’ennemi est par là. J’aborde un virage au carrefour des Sablons, près de Mézières. Soudain, un très gros choc ébranle mon char, une grande flamme jaillit à l’intérieur, mon copilote est décapité. Nous sommes touchés. J’essaye de passer une vitesse pour me mettre à couvert dans la forêt toute proche à ma gauche… Impossible ! Ma boîte de vitesses a sauté sous l’impact.

J’ouvre le portillon au-dessus de moi… Ouf ! Le canon est perpendiculaire à la marche.

Dès le premier coup, le lieutenant a fait tourner la tourelle, mais le Panther a une précision et une rapidité diaboliques. Le temps que je me hisse hors de mon poste, trois perforants sont arrivés au poste de pilotage et le quatrième pénètre au même instant dans la tourelle à cinquante centimètres de moi. J’entends comme du métal en fusion et je vois un trou fait à l’emporte-pièce. Je saute dans le fossé à gauche du char, je m’aplatis car la mitrailleuse est virulente.
Soudain, je vois le lieutenant d’Arcangues qui se hisse à la force des bras de la tourelle (quel courage !) pour laisser passer le tireur de Vaumas. Il se laisse tomber sur la route de mon côté. Il a la jambe droite sectionnée au-dessus du genou et la gauche ne tient que par des lambeaux de chair. Je sors du fossé et le tire pour le mettre à l’abri de la mitrailleuse du Panther. C’est là qu’il me dit : « Fous le camp. Nous sommes encerclés. » Je me recule pour regarder derrière moi et j’aperçois un casque allemand avec des branchages. En même temps, je vois la grenade qu’il me balance.

J’ai le réflexe de bondir de l’autre côté de la route. Je me couche dans le fossé où je retrouve le tireur. Nous nous sommes compris et faisons les morts. Nous entendons des pas et des vociférations qui approchent. Nous nous relevons. Ils nous entourent l’arme à la main, l’air mauvais. Soudain, un ordre, l’officier vient nous interroger. Il est auprès du Panther. Nous sommes emmenés mains sur la tête. A cet instant, je ne peux retenir mes larmes et l’officier se méprend sur mon compte. Je lui fais comprendre que c’est pour mes deux camarades morts dans le char et le lieutenant qui agonise et que nous ne pouvons aider. Il veut savoir si nous sommes des « S.S. de De Gaulle ». Nous répliquons : « De l’armée d’Afrique ».

A ce moment, des Thunderbolt nous attaquent et nous trouvons refuge dans la forêt. La terre tremble sous l’impact des bombes ; finalement le ballet aérien cesse, les Allemands décrochent, nous laissant à la garde d’un soldat. Les véhicules défilent sur la route : chenilles, camions, voitures. Personne ne veut nous prendre, certains même font signe à notre gardien de nous supprimer. Subitement un chenille s’arrête et nous prend. Les Allemands sont jeunes, comme nous, entre dix-huit et vingt-cinq ans, inquiets.

Nous sommes talonnés par les chars de chez nous, pilonnés par l’artillerie et l’aviation : nous stoppons près d’un P.C. De gros chars Tigre et Panther sont à l’affût. Nous prenons en charge un copain des chars légers brûlé à 70 %, les allemands l’ont transformé en momie égyptienne ainsi qu’un civil résistant.
Nous repartons le soir et faisons halte dans le parc d’un château. Au loin, nous apercevons la forêt de Perseigne. A la tombée de la nuit, une attaque se produit… Américains ? Français ? Nous l’ignorons. C’est la débandade. Nous en profitons pour nous camoufler dans les buissons qui longent le mur d’enceinte. Nous nous faisons le moins épais possible, car les balles traçantes viennent frapper les feuilles mortes sous notre nez. Le char allemand est de l’autre côté du mur, à environ quatre ou cinq mètres et nous entendons les ordres de tirs. Soudain, un soldat nous cherche, mitraillette au poing ; il scrute les buissons. Il fait trop noir pour nous voir, il hésite, puis s’en va. S’il avait lâché une rafale !
L’artillerie de notre côté se déclenche, les obus tombent sur le côté droit de l’allée du parc, des véhicules flambent, pas un seul obus de notre côté. Décidément, ce jour nous avons la divine protection avec nous. Écrasés de fatigue nerveuse et n’ayant rien mangé depuis la veille, nous nous endormons vers six heures du matin.

Au réveil, c’est le calme complet. Nous nous levons, les Allemands ont décroché… Nous apprenons plus tard qu’ils se sont réfugiés dans la forêt de Perseigne. Nous quittons le parc, le civil devant nous au cas où il y aurait quelque chose de suspect, et voilà que nous tombons sur le curé du village qui va sonner la cloche pour fêter la libération. Il nous signale qu’un char américain est sur la route, nous y allons, il a été déchenillé par un 88. De Vaumas parle anglais. Ils nous indiquent que les Français ne sont pas loin. Nous partons et tombons bientôt sur une Jeep de chez nous.

Le commandant nous félicite de notre évasion et nous emmène au P.C. du colonel de Langlade qui nous félicite à son tour mais a l’air très préoccupé de l’attaque sur la forêt d’Écouves par le 12e RCA. Nous rejoignons ensuite le 4e escadron avec tous nos copains et le capitaine qui sont fous de joie de nous retrouver.

 

VERS ALENÇON 

Suivant de très près la progression, le général Leclerc installait provisoirement son quartier général à Ballon et décidait de faire pousser vers Lucé-sous-Ballon et Meurcé.
Sur la droite de l’axe, à Mézières-sur-Ponthouin, l’engagement était si rude que l’on enregistrait la mort de dix-sept hommes et la destruction de plusieurs half-tracks et chars. Ces derniers appartenant au 12e chasseurs.

Au même instant, le G.T.D. rencontrait à Doucelles une forte résistance ennemie et les combats devenaient violents. Le 4e escadron du 12e cuirs perdait deux Sherman mais détruisait quatre blindés ennemis. La 3e compagnie du R.M.T. qui l’accompagnait enregistrait quatre tués dont le lieutenant Bissagnet, et l’adjudant-chef Delacroix ; il y avait également de très nombreux blessés qui étaient soignés par le lieutenant Karcher, alors que les morts étaient enterrés dans le cimetière du village avec l’assistance de la population restante.

Le lendemain, le village de La Hutte était atteint, mais l’ennemi y défendait l’important carrefour de la nationale 138 (Le Mans – Alençon) et la départementale 310 (Fresnay -Mamers).
Mais, si le combat était des plus sévères, l’énergie invincible des divers détachements permettait, après plusieurs attaques, d’occuper La Hutte, Saint-Germain et Coulombiers.
Il y avait de nombreux prisonniers ennemis et les Allemands étaient chassés de leurs positions, en abandonnant sur le terrain de nombreux cadavres et un plus grand nombre encore de blessés.
Ces trois attaques avaient malheureusement coûté la vie à quatre soldats du régiment de marche du Tchad et occasionné une dizaine de blessés.

(Guy Merle – L’Esprit LECLERC – Sur les chemins de la Liberté » )

 

 

Juillé, 10 août 1944

Afin de forcer la résistance de Vivoin et de poursuivre vers le nord, l’état-major du Groupement Tactique DIO décide de renforcer l’avant-garde du sous-groupement FARRET constituée de fantassins du Régiment de Marche du Tchad et d’automitrailleuses du 1er Régiment de Marche de Spahis
Marocains avec le 3e peloton du 3e escadron du 12e Cuirs (régiment blindé de la 2e DB) que commandele sous-lieutenant Erik de COLOMBEL (1).

A la tête de ses cinq chars « Sherman », celui-ci rejoint Vivoin où il est guidé par les fantassins de la 2 e compagnie du RMT.

Vers 17h00, après la destruction d’un char ennemi, la progression vers Juillé se fait rapidement et sans incident jusqu’à hauteur des fermes « Le Perruchet » et « La Planche ».
Les premiers engins sont alors pris sous un feu nourri
venant du nord.
Après un temps d’arrêt la progression reprend plus prudente jusqu’au chemin menant à
« La Coquerie » et « La Ronceraie ».
Une reconnaissance est envoyée vers le sud-est de Juillé afin de
déterminer l’origine des tirs.
Un civil du village, M. Georges FRESNAIS, s’offre de guider cette
reconnaissance qui en profite pour observer l’état du pont sur la Sarthe et constater le retrait en cours de deux blindés allemands.
Aussitôt, l’assaut sur le village est déclenché.
Le pont est capturé intact et le village occupé sans
résistance majeure.

Vers 18h00, les éléments de tête qui ont repris la progression sont pris à partie par des tirs violents à hauteur de la cote 93 près de « La Borne ».
Face à la forte opposition, la décision est
prise en cette fin d’après-midi d’installer l’avant-garde du sous-groupement en défensive.
L’infanterie
et les spahis se mettent en position face au nord de part et d’autre de la route à hauteur de la cote 93.
Le
peloton de COLOMBEL s’installe au nord-est de « La Croix Nouvelle » face au nord-est.
Au cours du nettoyage du bourg, une douzaine de soldats allemands sont capturés.
Dans la soirée,
Madame Marie-Louise MERCIER, résidant à « La Borne » sera tuée d’une rafale de mitrailleuse en fermant ses volets.
Plusieurs habitations seront endommagées lors des échanges de tirs.

(1) Erik de Colombel vécut sa retraite militaire à Juillé de 1962 à 1990

Source : Commune de Juillé

 

 

Mairie de Juillé

 

 

 

 

JUILLE – Place maréchal LECLERC

 


JUILLÉ

 La borne est installée sur la Place Maréchal Leclerc

 

 

 


SAINT MARCEAU

La borne est installée au nord du village sur la D 293, à l’intersection avec la route de Maresché.

 

 

 

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