MÉZIÈRES-sur-PONTHOUIN
LE SABLON – LA SAUNERIE
Km= 277
Jeudi 10 août 1944
Groupement Tactique LANGLADE
Sous-groupement MINJONNET
Sous-groupement MASSU
Au Mans, l’attaque du XVème Corps d’Armée US du Général Haislip en direction d’Alençon est prévue pour le 10 août à 7 heures.
Pour ce faire, la manœuvre nécessite de faire pivoter au Mans, toute la 5ème DB US plein Nord, avec pour axe de progression Savigné l’Évêque, Bonnétable, Marolles Les Braults, Mamers, puis la forêt de Perseigne.
La 2ème DB du Général LECLERC , qui est désormais affectée à ce corps d’armée US reçoit mission de mener la même offensive sur la gauche de la 5ème DB US.
La 2ème DB va contourner la ville par l’ouest et le nord.
De Sablé sur Sarthe, la division est remontée vers Loué.
Les Allemands quant à eux ont mis en place une ligne de défense sur l’axe allant de Saint Marceau à Bonnétable, avec les troupes de la 9ème Panzerdivision, récemment arrivée de Nîmes.
Il faut ajouter à ce dispositif les débris de la 308ème Division Blindée et de la 130ème Panzer Lehr, principalement destinés à ralentir la progression des alliés par des embuscades antichars…
Au lieu-dit Le Sablon, près de Mézières, où le sous-groupement Minjonnet tombe vers 9 heures dans une embuscade :
cinq hommes du 12e Régiment de Chasseurs d’Afrique sont tués dont les officiers Zagrodzki et d’Arcangues, quatre chars sherman détruits et trois autres chars endommagés.
L’aviation américaine de soutien intervient.
Au carrefour de La Saunerie, l’avant-garde du sous-groupement Massu est stoppée par une attaque ennemie au lance-flammes touchant un char léger.
Le commandant Massu confie au capitaine Langlois, commandant la 6e compagnie du RMT, la mission de s’emparer du pont de la Saunerie.
Ce premier combat de courte durée est brutal et violent, mais le pont est intact.
La 2e DB déplore 23 morts, du 12e RCA et RMT en majorité.
Malgré les pertes de ce premier engagement, le moral est de retour. `
Au jour, sans un temps d’arrêt pour un repos ni un regroupement (après deux nuits consécutives d’efforts), Dio et Langlade débouchent pour le combat.
La colonne de ravitaillement qui amène le gas-oil nécessaire aux chars a été bombardée près d’Avranches : le 12e Cuirassiers partira avec un escadron sur trois qui fait ses pleins en séchant les deux autres.
Chacun des groupements, qui marchent de front, dispose de deux axes ; Dio, par Ballon, vers Doucelles et Colombiers, Langlade vers Louvigny.
Il faut encore que la 5e Division blindée nous ouvre passage, dégage les itinéraires et se rabatte dans sa zone.
A 9 h 45 les premiers coups de feu sont échangés avec les antichars allemands au carrefour des Pâtis, derrière le pont intact saisi sur la petite rivière.
Le front allemand, sur le flanc sud du saillant, présentait lui aussi une lacune entre la Mayenne et la Sarthe, où combattaient les restes déjà très éprouvés de la 708e Division blindée et de la 130e Panzer Lehr.
A l’est de la Sarthe, son aile marchante était confiée à une division fraîche et solide, la 9e Panzer,maintenue longtemps dans la région de Nîmes, et engagée seulement depuis l’avant-veille.
Elle avait combattu en retraite entre la Mayenne et la Sarthe, qu’elle avait retraversée.
(La 2e DB- Général Leclerc -En France – combats et combattants – 1945)
10 AOÛT
Dès 9 heures, le sous-groupement Mijonnet va aborder Mézières sur Ponthouin en venant du sud.
Au lieu-dit « Le sablon », le 12ème Régiment de Chasseurs d’Afrique, en tête, essuie le feu d’un important barrage ennemi.
2 Shermans sont hors de combat.
En tachant d’esquiver le barrage, le détachement essuie à nouveau des tirs d’antichars un peu plus à l’ouest et de violents combats ont lieu qui durent.
De nombreux chars et véhicules flambent.
La situation se renverse à l’intervention de 2 compagnies du R.M.T. qui contre attaquent et repoussent les Allemands.
PERTES AMIES : 23 tués, de nombreux blessés
Pertes ennemies : 25 tués, 40 blessés, 60 prisonniers.
« Jusqu’à 11 heures plus de 400 obus seront tirés sur nos troupes par les allemands, avant que les troupes du Commandant Massu ne tentent de prendre l’ennemi à revers.
Ainsi l’équipage du “Navarre” se lance en direction de Bonnétable pour tenter de contourner l’embuscade allemande.
Après une courte chevauchée, le “Navarre” est arrêté de plein fouet par un canon anti-char au lieu-dit “le Tertre de Grippe” en direction de Courcemont.
Faisant de même sur la gauche, les chars “Entre deux Mers”, “Guyenne” et “Aquitaine” seront les cibles de la 9° Panzer.
Il faut noter aussi , la perte de personnel et du char “Labourd” et du half-track “Orion” lors du bombardement par l’aviation US.
Nos troupes n’avaient pas encore en dotation de panneaux de balisage ».
VERS ALENÇON
Suivant de très près la progression, le général Leclerc installait provisoirement son quartier général à Ballon et décidait de faire pousser vers Lucé-sous-Ballon et Meurcé.
Sur la droite de l’axe, à Mézières-sur-Ponthouin, l’engagement était si rude que l’on enregistrait la mort de dix-sept hommes et la destruction de plusieurs half-tracks et chars. Ces derniers appartenant au 12e chasseurs.
Au même instant, le G.T.D. rencontrait à Doucelles une forte résistance ennemie et les combats devenaient violents. Le 4e escadron du 12e cuirs perdait deux Sherman mais détruisait quatre blindés ennemis. La 3e compagnie du R.M.T. qui l’accompagnait enregistrait quatre tués dont le lieutenant Bissagnet, et l’adjudant-chef Delacroix ; il y avait également de très nombreux blessés qui étaient soignés par le lieutenant Karcher, alors que les morts étaient enterrés dans le cimetière du village avec l’assistance de la population restante.
Le lendemain, le village de La Hutte était atteint, mais l’ennemi y défendait l’important carrefour de la nationale 138 (Le Mans – Alençon) et la départementale 310 (Fresnay -Mamers).
Mais, si le combat était des plus sévères, l’énergie invincible des divers détachements permettait, après plusieurs attaques, d’occuper La Hutte, Saint-Germain et Coulombiers.
Il y avait de nombreux prisonniers ennemis et les Allemands étaient chassés de leurs positions, en abandonnant sur le terrain de nombreux cadavres et un plus grand nombre encore de blessés.
Ces trois attaques avaient malheureusement coûté la vie à quatre soldats du régiment de marche du Tchad et occasionné une dizaine de blessés.
(Guy Merle – L’Esprit LECLERC – Sur les chemins de la Liberté » )
Libération
Source : Commune de Mézières sur Ponthouin
La commune de Mézières sur Ponthouin est la première localité de France métropolitaine que la Division Leclerc libère en combattant.
Sur l’axe D, le sous- groupement Minjonnet aborde Mézières sur Ponthouin en venant de Courceboeufs.
Le 12e RCA ouvre la route et butte violemment sur le système de défense allemand puissant et efficace au lieu-dit “le Sablon” sur la route menant de Ballon à Bonnétable, mis en place tôt en cette matinée.
Il est à peine 9 heures.
Rapidement, le Sherman “Bordelais” est touché et détruit, suivi de “Armagnac”.
Face aux Mark IV de la 9e Panzer les blindages ne résistent pas.
La surprise est totale pour les hommes de Leclerc, qui étaient habitués aux campagnes d’Afrique, et qui découvrent brutalement le bocage sarthois.
Le Général Massu lors d’une de ces visites sur les lieux soulignera “Dans un tel maquis de haies, c’est l’artillerie qui était efficace en cas d’accrochage, mais pas les gros culs, surtout pas eux.
Ce fut un phénomène d’adaptation nécessaire. Il fallait çà pour se remettre en ligne. Malheureusement des gars ont payé cher ce premier contact”.
Jusqu’à 11 heures plus de 400 obus seront tirés sur nos troupes par les allemands, avant que les troupes du Commandant Massu ne tentent de prendre l’ennemi à revers. Ainsi l’équipage du “Navarre” se lance en direction de Bonnétable pour tenter de contourner l’embuscade allemande.
Après une courte chevauchée, le “Navarre” est arrêté de plein fouet par un canon anti-char au lieu-dit “le Tertre de Grippe” en direction de Courcemont.
Faisant de même sur la gauche, les chars “Entre deux Mers”, “Guyenne” et “Aquitaine” seront les cibles de la 9° Panzer. il faut noter aussi , la perte de personnel et du char “Labourd” et du half-track “Orion” lors du bombardement par l’aviation US.
Nos troupes n’avaient pas encore en dotation de panneaux de balisage.
Pendant ce combat, le commandant Massu reçoit l’ordre de contourner les lieux de combats.
Avec un détachement 1/12° RCA, il se dirige vers le lieu-dit “l‘espérance” à l’ouest du village en fin de matinée.
Arrivé en bordure du carrefour, un violent combat s’engage.
Les troupes allemandes sont retranchées sur ce point stratégique au passage de la rivière “l’Orne saosnoise” avec des canons anti-chars dans les haies, tireurs délite dans les arbres et les fantassins embusqués sur les rives.
Les pertes au fil du temps sont sévères: le char léger du 12e RCA et deux autres sont endommagés. Le “Cotentin” brûle, touché par un lance-flamme allemand.
L’issue du combat est un moment incertain.
Pendant ce temps les 6° et 7° Cies du 2/RMT contournent l’objectif et se présentent au hameau de Ponthouin à revers sur l’ennemi.
La 6e compagnie du RMT, sous les ordres du capitaine Langlois de Bazillac mène l’attaque.
Il faut l’audace et le courage de l’adjudant-chef Quentin, qui commande les half-tracks de la compagnie pour donner l’avantage aux hommes du Régiment de Marche du Tchad.
Les mitrailleuses de 50 prennent la route en enfilade, empêchant les allemands de se regrouper et de contre-attaquer.
A l’issue du combat, les troupes allemandes ont perdu 3 officiers et 22 sous-officiers et soldats tués, 40 blessés et 60 prisonniers.
Ont été détruits côté Français : un blindé léger M3A3, deux véhicules de transport. Un véhicule de commandement et deux voitures de liaison ont aussi été capturés.
Les pertes : Cette journée sera douloureuse dans les cœurs de la 2e DB, pour ces premiers combats de libération sur le sol de France.
22 morts seront recensés à Mézières sur Ponthouin. Combien d’autres parmi les blessés qui furent évacués notamment vers l’hôpital US d’Yvré l’Évêque?
A l’issue de ce combat le 4e escadron du 12e RCA a perdu les chars “Bordelais”, “Armagnac”, “Navarre”, “Labourd” ainsi que le half-track “Orion”.
Les chars “Aquitaine”, “Guyenne” et “Entre-Deux Mers” ont été endommagés mais réparables.
Ont été tués:
Lieutenant ZAGRODZKI Michel “Bordelais” 4e Esc. 12e RCA,
1° Cl. DIONNET Gabriel , 1° Cl. CLEMENT Jules, Mdl COMBALIE Aurélien “Armagnac” , Mdl LABORDE Alexis “Labourd” 1° Cl. COURTY Roland, 1° Cl. BOURMONVILLE André,1° Cl VIRAIZE René, Lieutenant D’ARCANGUES Benoît “Navarre”, 1° Cl PONTNEAU Bernard, 1° Cl BAYONNA Henri, 1° Cl BORDES Casimir “Orion” , Soldat DJILLALI Ben Lahcen mitrailleur 7° Cie 2/RMT, Soldat MOHAMED Ben Allal, (photo carré militaire et musulman Mézières sur Ponthouin), Brg CAILLAT-GRENIER Etienne, Mdl. RIBES (Meurt à la suite des blessures en Angleterre).
A “la Saunerie”, le 2/RMT a perdu : Adjt/Chef QUANTIN René 6° Cie – Il sera fait Compagnon de la Libération. Sgt TOURNELLEC Henri, Sgt STURM François, Caporal CHAMONT Gabriel, 1° Cl CORMIER Louis, 1° Cl BARBOUX Robert, 1° Cl DAMANI Rabah, 1° Cl BERRACHID Chérif.
Il faut ajouter 15 blessés ou brûlés au 12° RCA et 20 blessés au Régiment de Marche du Tchad.
L’INTERVENTION DE L’AVIATION ALLIÉE PERMET LA LIBÉRATION DU NORD SARTHE EN DIRECTION DE MÉZIERES-SOUS-PONTHOUIN.
Cette bourgade, située à l’écart des grands axes routiers nationaux ou, départementaux et dont la population compte alors 690 habitants, ne s’attend pas à ce que sa commune soit le lieu d’un des premiers combats, pour ne pas dire le premier, sur le Territoire National entre Allemands et Français, si le bourg par lui-même ne fut pas touché, deux lieux-dits « Le Sablon » et « La Saunerie » vont connaître de vifs et brefs affrontements.
En ce premier jour, la mise en route est tant soit peu laborieuse, l’avant-garde du sous-Groupement Massu est arrêtée au carrefour des Quatre-routes (intersection de la R.D. Le Mans-Ballon et du V.O. Joué-l’Abbé Courceboeufs par le Général Leclerc qui brandit sa canne; à des véhicules du Groupement Dio se mêlent des éléments du sous-Groupement Massu et auxquels un contre-ordre n’est pas parvenu à temps. A quelques kilomètres, le sous-Groupement Minjonnet venant de Savigné-l’Evêque, traverse Courceboeufs sans marquer le moindre arrêt, paraissant ignorer les acclamations des villageois, sidérés par le défilé de cette colonne ferraillante qui transforme le calme de ce matin d’été en un véritable orage d’acier.
Un hameau est traversé en trombe, les Marsouins du Régiment de Marche du Tchad notent machinalement son nom, à la sortie, le Jarrossay, dans les cours des fermes, les paysans, bras ballants, pensent qu’il vaut mieux remiser les outils pour la journée, il est 9 heures.
Le peloton de chars du Lieutenant Zagrodski aborde la départementale 6 reliant Ballon à Bonnétable, quelques maisons: le Hameau du Sablon, la manœuvre est inspirée des idées défendues au Maroc par les cavaliers; chars en tête, fantassins derrière. Il faut bientôt déchanter quant aux mérites de ce dispositif en découvrant la valeur de l’antichar, le 88 PAK. L’air vibre, agité par un invisible maelstrom horizontal, un craquement comme celui d’une branche morte ; au bout, l’éclatement d’un impact. Le char de Zagrodski hoquette semble se cabrer en secouant sa poussière et s’immobilise, empanaché de fumée grise; le chargeur s’éjecte, roule dans la poussière.
Zagrodski s’assure d’abord qu’il ne peut rien pour son pilote puis s’extrait à son tour de son panneau; il se laisse glisser le long du blindage, déjà brûlant, dont la peinture s’écaille en brunissant; il pose pied à terre, parcourt un mètre, prend son élan pour se jeter dans un fossé. Il n’y arrive pas, une mitrailleuse griffe la terre devant lui; les impacts se rapprochent, ils escaladent les jambes, percutent la poitrine.
ZAGRODSKI BOULE ET ROULE SUR LE DOS, L’OEIL FIXE REGARDANT LE CIEL SANS CILLER.
Les deux chars qui suivent n’ont pas le réflexe de stopper à temps. Invisible, camouflé dans le bosquet, juste en face un Jadgpanther est embusqué, fauve à l’affût. Il ne leur laisse aucune chance. Par deux fois son canon aboie. Par deux fois, touchés à mort les deux M.I. (chars légers) s’ébrouent sur ce coup de poing imparable.
Le sous-lieutenant d’Arcangues, avec le second peloton franchit alors la départementale d’un seul élan et utilisant une zone boisée, déborde sur la gauche, suivi par la Section du Lieutenant Jamot du 2e Bataillon du Tchad qui galope sur ses traces.
Un sous-officier observateur ennemi, surpris juché dans un des grands arbres bordant la route est capturé, mais l’embuscade meurtrière se retourne contre d’Arcangues, mortellement atteint, pleinement conscient et serein; il continue à donner ses derniers ordres; les quatre chars survivants du peloton se replient avec la section d’infanterie. Bieder, un solide Lorrain de la section des Marsouins, ramène sur ses épaules deux blessés des Shermans détruits; Djilali ben Lahcen, le boxeur amateur de Casablanca et son compagnon, Mohamed ben Allal sont restés sur le terrain, foudroyés sur leur mitrailleuse en batterie, surpris par le tir de flanc d’une arme invisible; les deux premiers tués de la section.
Il est 11 heures, l’appui aérien demandé par Minjonnet survient, mettant fin à la résistance de l’automoteur allemand 75 PAK contre lequel l’artillerie du 40ème R.A.N.A. a été impuissante. L’intervention de deux Thunderbolt américains, termine le combat meurtrier du Sablon.
Ce 10 août, à 14 heures, l’avant-garde du sous-Groupement Minjonnet est stoppée au carrefour de « La Saunerie » et à 16 heures, la 6e Compagnie du Régiment du Tchad reçoit l’ordre d’enlever de vive force le pont sur l’Orne en direction de Ponthouin.
Le contact est brutal donnant lieu à un engagement de courte durée mais violent; L’adversaire contre-attaque et emprunte le lit de la rivière pour arriver à portée de grenades des half-tracks des Marsouins mais la riposte immédiate des obusiers de 75, « les lance-patates » met fin à leur tentative de débordement.
C’est la débandade chez l’ennemi qui laisse sur le terrain une quinzaine de tués ou blessés et dix prisonniers; la Compagnie du Tchad a, quant à elle, sept blessés et sept tués dont l’Adjudant-chef Quentin, promu à titre posthume en 1946 Compagnon de la Libération ; du côté français, le bilan en cette fin de journée est très lourd: sept chars hors de combat, notamment deux au carrefour de l’Espérance et une vingtaine de tués, plus de 400 obus ont été tirés.
A 18 heures, la colonne repart pour Congé, Lucé, Nouans et aperçoit à 1 km de cette dernière localité une batterie Allemande épaulée par des armes anti-char et des tireurs d’élite; l’ensemble est mis hors d’état de nuire par les salves dés 105 du Capitaine Ramières.
Mézières sur Ponthouin - Infos pratiques