MORTRÉE
Samedi 12 août 1944
Grande-Rue: « Panther » allemand détruit par les chars du 34th US Tank Battalion
Mortrée : Sherman US sous le feu de l’ennemi
(Collection PH)
La Libération de Mortrée
Le samedi 12 août 1944 à 9h, les Mortréens regardent et écoutent ; des bruits de combats s’accentuent et se rapprochent, un petit avion de reconnaissance tourne en rond, au loin au-dessus de la RN 158.
Afin de se protéger d’éventuels combats pour une libération imminente initialement prévue par Argentan, sur les conseils des réfugiés du Calvados, les habitants se terrent dans des abris préparés dans le Dhouit d’Orgueil à sec,
Mais plus de doutes, les libérateurs viennent de l’est en empruntant la RN 158.
Les Américains arrivent en premier avec le 15e corps de la 3e armée US Patton.
Une colonne blindée d’une puissance de feu considérable, précédée de démineurs, progresse prudemment.
En plus des mines, les ormes centenaires qui bordent la nationale représentent un danger potentiel (snippers, panzers-grenadiers embusqués).
Il leur faudra 2 bonnes heures pour venir de Sées à Mortrée.
À 11 heures, la bataille fait rage entre les Sherman US et les Panzers Allemands.
Prévenus par l’avion mouchard, les Américains tirent les premiers et mettent hors service un 1er char allemand au carrefour de la RN 158 et de la D26, suivi d’un autre qui se croyait protégé par le 1er.
L’infanterie US, une trentaine d’hommes, progressent de chaque côté de la rue principale, suivie de près par les chars en retrait.
La colonne US stoppe son avance au niveau de l’hôtel « du point du jour ».
Elle déplore la perte d’un char ainsi que deux morts et trois blessés
À 15h, elle reprend sa progression vers Argentan
Pendant ce temps, les chasseurs bombardiers P47 de l’USAF détruisent 3 camions allemands pleins d’essence et d’obus sur la route de Médavy faisant 2 morts.
La vie reprend son cours, les habitants quittent leurs abris.
Parallèlement aux Américains, le groupement tactique Warabiot de la 2e DB du Général Leclerc progresse et relèvent les Américains qui venant de Sées, passent par la « Grande Fosse », « les Aulnays », Montmerrei pour rejoindre Argentan, mais le 14 août, les combats reprennent…
Les Allemands réunis dans les bois de « la Bellière » tentent de rompre l’encerclement, arrivent à Montmerrei et traversent Mortrée.
Ils sont accueillis et neutralisés par les chars de la 2e DB.
Les FFI et les Spahis les pourchassent et font une centaine de prisonniers.
On dénombre durant ces combats : 21 morts, 1 disparu, 6 blessés dans les 2 camps et 3 civils ; 8 chars de combat et 11 véhicules blindés, peu de dégâts aux habitations.
Les Mortréens sont enfin libres le soir du 14 août.
Cinq Mortréens, Messieurs André et Marcel RIBOT, André CORNU, Gilbert DELAUNAY et Jacques KIEFFER iront rejoindre les rangs de la 2e DB.
Commune de Mortrée
J.M.O.
12e Régiment de Cuirassiers
Source : www.chars-francais.net
VERS ARGENTAN
13 Août 1944.
Le Groupement DIO ( G.T.D.) quitte Alençon vers 09H00, sur CARROUGES – DOUCE – ARGENTAN.
Il est précédé par une avant-garde commandée par le Chef d’Escadrons ROUVILLOIS.
Composition de l’avant-garde : 1er Escadron, Compagnie GRALL, une section du Génie, 1 peloton de T.D., la Batterie DEMARLES, le 4ème Escadron en soutien.
Le reste du 12ème Cuirassiers suit dans le Gros du Groupement Tactique.
L’avant-garde progresse, le 1er Escadron en tête – peloton BECKER en pointe. Le char du M.d.L. ESCAITH est atteint par un coup de canon tiré par une auto-mitrailleuse alliée. L’aide conducteur blessé est évacué.
Le peloton BECKER reçoit l’ordre de se porter, avec la Compagnie GRALL sur CIRAL, par la I.C.1. Il fait sauter un camion de munitions et fait de nombreux prisonniers, en coopération avec l’Infanterie.
Le peloton DELÈGUE est chargé de nettoyer le village de LA BOUCHERIE et de ses alentours immédiats. Il y fait de nombreux prisonniers dont 1 officier, et mitraille le matériel. Le nettoyage est achevé par l’Infanterie.
Vers 22H00, le peloton BECKER sera envoyé à la sortie de Carrouges, sur la route d’Argentan, en protection de Carrouges que nous aurons occupé.
Le reste de l’Escadron sera placé, avec le Régiment, en halte-garde à 1 km de Carrouges, sur la route de Sées.
Le 2ème Escadron faisant partie du Gros arrive à Carrouges.
Le 3ème Escadron faisant partie du Gros arrive à Carrouges. Au cours de ce déplacement, le Cuirassier KLING, conducteur du char du Lieutenant De COLOMBEL, est blessé au flanc par un coup de feu isolé et est évacué.
L’Aspirant MANDAT De GRANCEY, faisant en jeep une reconnaissance aux environs de l’axe de marche, fait 2 prisonniers.
Le 4ème Escadron fait partie de l’avant-garde.
– Le peloton PITY détruit 3 véhicules chenillés et 2 voitures légères à La Lacelle, et y fait quelques prisonniers. À l’entrée de Ciral, il détruit un 105 auto-moteur et 2 camions.
– Le peloton MUCCHIELLI, allant de Ciral sur Gandelain, détruit plusieurs véhicules. Il partage avec l’Infanterie la capture de nombreux prisonniers, confiés à cette dernière.
Entre Saint-Martin et Carrouges, panique Allemande complète. Les destructions de véhicules sont nombreuses.
À Carrouges, la résistance est plus forte. L’Escadron se déploie. Le village est enlevé rapidement et de nombreux véhicules sont encore détruits. Un Lt-Colonel de parachutistes Allemand est fait prisonnier.
À 14H00, le G.T.D. reçoit l’ordre de pousser sur Mortrée. Le Colonel commandant le 12ème Cuirassiers suggère d’y aller par deux itinéraires :
– 1 – Le Mesnil-Scelleur – La Bellière – Mortrée
– 2 – La Lande-de-Goult – St Hilaire-la-Gérard
Le Commandant ROUVILLOIS reçoit alors l’ordre de prendre l’itinéraire – 1 – avec le 3ème Escadron et la Compagnie SAN MARCELLI, accompagné par une Batterie d’Artillerie.
Le Colonel prend personnellement le commandement du 2ème Escadron et de la Compagnie PERCEVAL, sur l’itinéraire – 2 -. Le reste du G.T. le suivra sur cet itinéraire.
Des éléments du G.T. LANGLADE (G.T.L.) se trouvent également sur cet itinéraire, se mélangeant aux éléments du G.T.D.
Le 2ème Escadron, premier élément du sous-groupement NOIRET, progresse quelques kilomètres et arrive au contact de canons antichars et de chars lourds Allemands.
Il reçoit l’ordre de se regrouper au carrefour 1500 m. E. de Carrouges, où il s’installe en surveillance pour couvrir le bivouac du Régiment et Carrouges face à l’Est. Il y passera la nuit.
Le 3ème Escadron arrivant à Carrouges est placé sous les ordres du Chef d’Escadrons ROUVILLOIS. Il reçoit l’ordre de se porter à Le Mesnil-Scelleur.
Le peloton DESFORGES part en avant sur l’axe avec une section d’infanterie en soutien. Il serre au plus près de l’aviation d’assaut Américaine. Une coopération remarquable est réalisée avec celle-ci.
L’Escadron précédé des avions d’assaut, avance, mettant le feu partout, terrorisant l’ennemi. Il arrive ainsi à Le Mesnil-Scelleur.
Trois camions de munitions sont détruits ainsi que les canons qu’ils tractaient.
Un Tank Destroyer saute, atteint par un char lourd ennemi.
Le peloton DESFORGES a un char atteint, le M.d.L.-Chef AUPIN est tué. L’appui de l’Air Support est demandé.
Une patrouille d’ infanterie à pied, envoyée en avant, ne peut localiser les canons ennemis. Cependant un char Pz IV, aperçu dans une haie, est détruit ainsi qu’un camion de munitions.
L’ennemi est affolé. En avançant, 2 Pz IV sont trouvés en état de marche : l’un le moteur en marche, l’autre un obus coincé dans la culasse. Le Lieutenant NOËL fait incendier ces chars.
L’action du 3ème Escadron a jeté l’ennemi dans un désarroi total, qui a permis aux troupes d’accompagnement de recueillir un nombreux matériel et de faire de nombreux prisonniers, rôle impossible à réaliser par les équipages de chars.
La nuit étant arrivée, le Chef d’Escadrons ROUVILLOIS ayant reçu un ordre de rejoindre Carrouges avec son détachement, replie tous les éléments sous ses ordres, dont le 3ème Escadron, sur ce village.
Le 3ème Escadron rejoint le bivouac du 12ème Cuirassiers à 1,5 km à l’Est de Carrouges où il passera la nuit.
Le P.C. avant a suivi toute la journée, immédiatement en arrière des chars de l’avant-garde ; il rejoint le bivouac Est de Carrouges, avec le 2ème Escadron, pour y passer la nuit.
Le Capitaine De TARAGON et le S/Lieutenant MERCIER ont fait prisonniers 1 Lt-Colonel chef de bureau de la 116ème Panzer, 4 agents de liaison Allemands, et récupéré des documents importants sur l’organisation et les mouvements de la 116ème Panzer.
Le P.C. principal quitte Alençon par l’itinéraire donné : Carrouges – Argentan. Arrivé à Carrouges, il continue sur la route d’Argentan que la presque totalité du G.T.D. a quitté, pour l’itinéraire – 2 – du Sous-Groupement NOIRET.
Vers 18H00, étant à 1500 m de Carrouges, la voiture de tête (V.T.T. radio sur lequel l’Adjudant GALLIOT occupe la place du tireur) est prise sous le feu de plusieurs armes automatiques ennemies, installées à la lisière d’un bois situé à l’Est de la route.
Le V.T.T. ouvre le feu et augmente l’allure. Le reste de la colonne ne suit pas. Revenu vers l’arrière pour chercher les véhicules qui n’ont pas compris le signe de suivre, le V.T.T. prend sous son feu un groupe d’Allemands et fait 10 prisonniers.
Le mouvement est repris sous la protection du V.T.T. et des chars de commandement répartis dans la colonne.
Arrivés à Le Mesnil-Scelleur, nouvel incident. S’étant mis en garde de tout côté, le P.C. principal reçoit l’ordre de faire demi-tour vers Carrouges. Il arrive à Carrouges vers 20H00, et rejoint le bivouac du Régiment.
BILAN DE LA JOURNÉE DU 13
1er Escadron :
Pertes : Blessés : 1
Gains : Prisonniers : 1 officier, 3 sous-officiers, 50 hommes Tués: 60
Matériels : 20 véhicules divers détruits
2ème Escadron :
Rien à signaler
3ème Escadron :
Pertes : Tués : 1 sous-officier Blessés : 1 Cuirassier
Matériel : 1 char détruit, CHOLET : poulie folle arrachée, ramené et versé au salvage,
1 char endommagé ANGERS: radiateurs crevés, rejoint 3 jours après.
Gains : Prisonniers : 3 officiers, 9 sous-officiers, 338 hommes Tués : 100 hommes
Matériel détruit : 1 Pz IV, 1 canon de 105 tracté, 3 auto-canons, 50 véhicules divers
4ème Escadron :
Gains : Matériel détruit : 1 Pz IV, 1 canon 105 tracté, 2 canons de 88, 3 voitures liaison dont 1 radio, 2 camions essence, 20 véhicules divers.
P.C. avant :
Gains : Prisonniers : 1 Lt-Colonel, 5 hommes
P.C. principal :
Gains : Prisonniers : 10 hommes
14 Août 1944.
Au cours de la journée, reconnaissance offensive des 1er et 4ème Escadrons sur Ste Marguerite et St Sauveur, qui donnent de nombreux prisonniers.
Dans la soirée, le 3ème Escadron qui stationne maintenant au S.E. de Carrouges, provoque la reddition d’unités constituées Allemandes : Bataillon et Compagnies, avec leurs officiers.
BILAN DE LA JOURNÉE DU 14
1er Escadron :
Gains : Prisonniers : 5 hommes
2ème Escadron :
Rien à signaler
3ème Escadron :
Gains : Prisonniers : 1 Chef de Bataillon, 1 Capitaine, 2 Lieutenants, 220 hommes
4ème Escadron :
Gains : Prisonniers : 60 hommes
15 Août 1944.
Le G.T.D. doit se porter à Boucé pour y constituer un point d’appui et tenir principalement les routes du N. et de l’O.
Les mouvements s’effectuent sous la protection d’une avant-garde commandée par le Colonel NOIRET.
Le Gros est aux ordres du Chef d’Escadrons ROUVILLOIS.
Dès l’arrivée à Boucé, vers 11H00, le Colonel entreprend : avec le Capitaine DA, le 1er Escadron et l’Escadron TROQUEREAU du 1er R.M.S.M., une reconnaissance sur Chantelou, au S. de Joué-du-Plain, où sont signalés des ennemis.
Un char du 1er Escadron est détruit à l’ O. de Joué-du-Plain. Des prisonniers sont faits.
Le Chef d’Escadrons ROUVILLOIS, qui stationne avec les 2ème et 3ème Escadrons sur la route Vieux-Pont, monte un coup de main sur Vieux-Pont brillamment conduit par le Lieutenant BRIOT.
– 1 char Pz IV est détruit,
– 8 canons antichars détruits,
– plusieurs véhicules divers détruits,
– de nombreux prisonniers sont faits.
Au 1er Escadron, le peloton BECKER effectue une patrouille sur Chantelou, au cours de laquelle un char léger est détruit.
L’après-midi, une patrouille envoyée en Half-Track, pour essayer de rechercher l’équipage du char perdu devant Chantelou, et qui n’a pas rejoint, parvient, sous le feu de nombreuses armes automatiques et d’une arme lourde, au char qui brûle. Elle ne retrouve pas l’ équipage ; celui-ci rejoindra le lendemain.
Le 1er Escadron est regroupé au carrefour de La Forge qu’il garde le 15 et la nuit du 15 au 16 Août.
BILAN DE LA JOURNÉE DU 15
1er Escadron :
Pertes : Disparu : 1 équipage de char
Matériel : 1 char léger détruit PAU
Gains : Prisonniers : 13 hommes
2ème Escadron :
Pertes : Blessés : quelques blessés légers par mines
Gains : Prisonniers : 2 Capitaines, 2 Lieutenants, 12 hommes
Matériel détruit : 1 Pz IV, 8 auto-canons, 40 véhicules divers
3ème et 4ème Escadrons, P.C. avant et principal :
Rien à signaler
16 Août 1944.
Stationnement à Boucé.
Réception de nombreux matériels de remplacement.
Le P.C. avant fait des prisonniers : 1 sous-officier et 12 hommes.
17 Août 1944.
Le 12ème Cuirassiers fait mouvement, de la région de Boucé, dans la région O. de Fleuré.
Au cours de ce déplacement, une formation d’avions Allemands de 12 appareils environ, attaque la colonne.
Le Cuirassier CASTILLE du P.C. principal, grièvement blessé, est évacué. Trois camions du P.C. principal sont atteints.
Le radiateur du camion bureau, percé de 2 balles, doit être changé ; un camion essence, percé, ne prend pas feu.