SÉES
Km= 377
Samedi 12 août 1944
À 10h, le samedi 14 août, l’avant-garde de la 5 e division blindée américaine entre dans la ville occupée par des unités de l’intendance allemande.
À 11h15, c’est au tour d’un sous-groupement de la 2 e DB de pénétrer dans Sées. Cette libération s’inscrit plus largement dans la manœuvre en tenaille visant à encercler la 9 e Panzer Division allemande dans la forêt d’Écouves.
Tandis que les groupements Dio et Langlade contournent la forêt par l’ouest, le groupement Billotte la déborde à l’est et se retrouve dans la zone d’action de la 5 e DB US.
En conséquence, Sées connaît un embouteillage monstre. Leclerc, de son PC installé au presbytère de la cathédrale, donne l’ordre à Billotte de se scinder et d’infléchir sa route vers Écouché par deux itinéraires, l’un par Mortrée et l’autre par St-Christophe-le-Jajolet avec un sous-groupement aux ordres du lieutenant-colonel Warabiot.
Ce dernier bénéficie des renseignements du capitaine Denormandie, officier de réserve résistant.
L’autre itinéraire attribué au sous-groupement Putz, avec lequel Leclerc part pour la forêt d’Écouves, bouscule l’ennemi dès la sortie de Sées.
Au petit jour, le Général lance sur Sées le groupement Billotte, jusqu’ici tenu en réserve. Sées n’était pas notre objectif, mais celui de la 5e Division blindée: après Alençon nos axes s’infléchissaient sur Carrouges, traversant la forêt d’Ecouves. Sans renoncer à l’attaque frontale, le Général estime cet obstacle tel qu’on ne peut en venir à bout qu’en le débordant.
Le débouché Billotte est si inopiné que les chars de la 9e Panzer qui se portent aux lisières de la forêt pour interdire la route arrivent trop tard : ils n’attaquent plus que les éléments de seconde ligne, batteries de D.C.A. et ravitaillement.
A Sées même, atteint sans difficulté, le Général décide du temps suivant. Ignorant jusque-là la situation de la 5e Division blindée, il n’aurait pas hésité, si celle-ci avait été en retard, à gagner un temps sur l’ennemi en prenant Argentan. Voici cependant, arrivant en même temps que nous sur la grand’place qu’anime déjà toute la population mêlée à nos chars, quelques-uns de ses officiers.
Argentan redevient automatiquement leur affaire ; et l’objectif assigné au colonel Billotte, lui aussi sur la route nationale si vitale pour l’ennemi, est Ecouché, 10 kilomètres à l’ouest qui commande également un pont sur l’Orne.
Billotte (sous-groupement Warabiot) marchera par la route directe, via Mortrée, Saint- Christophe. Son autre sous-groupement, Putz, empruntera d’abord la Nationale 808 jusqu’à Tanville : le Général n’oublie pas qu’il a la responsabilité de la forêt, et il en marquera ainsi toute labordure nord.
De Tanville il doit rejoindre Ecouché par Le Cercueil et Boucé.
(La 2e DB- Général Leclerc -En France – combats et combattants – 1945)
La colonne qui s’est engagée dans la trouée de Sées, rentre dans la ville de Sées, sans qu’un obus ait été tiré sur la ville.
Le général arrive à son tour. Il est debout, au centre de la place, devant la vieille cathédrale, s’appuyant sur sa canne. Un état-major où se mêlent les coiffures de toutes les armes, l’entoure. Tandis que les chars traversent la place dans un fracas terrible de chenilles, les cris de la foule, partant des fenêtres, des rues, de la place, montent vers lui.
Svelte, élancé, la silhouette jeune et le regard énergique, il sourit à la foule, à la ville libérée, au succès, oubliant pour quelques instants ses responsabilités, puisant dans la chaleur de cet accueil, un réconfort pour les tâches qui l’attendent.
Et la foule n’en revient pas, de l’avoir vu d’aussi près, et de l’avoir trouvé si simple ! Mais il est déjà reparti, avant qu’elle soit revenue de son étonnement.
Le lendemain, le 2e D.B. est à Ecouché et de vant Argentan, à vingt-cinq kilomètres de Falaise et des lignes anglaises.
Elle a bousculé les deux Panzers, jetées à sa rencontre et atteint tous ses objectifs.
( Extait de : Raymond MAGGIAR- « Les fusiliers Maris dans la Division Leclerc » – Albin-Michel 1947)
SÉES