Mercredi 23 août 1944
Le 23 août vers 16 h 30, un peloton de spahis parti de Dampierre atteint Voisins le Bretonneux.
Le contact est pris assez brutalement avec les défenseurs du village qui, repoussés, prononcent une contre attaque.
Les deux sections du RMT arrivent et après de sévères affrontements où le sergnet-chef Jean VOURC’H est très grièvement blessé, il mourra à l’hôpital.
Le combat se déplace sur le terrain d’aviation de Guyancourt.
Le soldat Danton JOUGLARD est tué en attaquant les mitrailleuses lourdes qui empêchent les Marsouins de progresser.
Deux Tanks Destroyer viennent à la rescousse, ce sont le « Morse » et le « Phoque » qui, tout de suite après, vont escadronner vers Guyancourt et Chateaufort.
Les Allemands se replient en désordre.
(Discours du colonel COURDESSES- 24/08/2012)
Le sergent-chef Jean Vourch et le marsoin Danton Jouglard étaient affectés au 1° RMT.
Le lieutenant Henri Serizier du RMSM était né le 14 octobre 1916 à Luchon.
Il s’était engagé dans Forces Française Libres, à Londres en juillet 1940.
Il est mort pour la France un peu plus tard.
Il avait obtenu le grade de Capitaine.
PARIS 21 – 26 Août 1944
La libération de Paris commença, pour les spahis, par la constitution d’un sous-groupement Morel Deville comprenant l’escadron de chars légers Martin-Siegfried et les pelotons d’automitrailleuses Serizier et Bergamin, du 4e escadron. C’était un ordre préparatoire, et les explications furent données par le colonel de Guillebbn, de l’E.M. de la division, à peu près dans les termes suivants:
« Paris risque d’être libéré par les Américains alors que la division est encore retenue en Narnamdie. Il faut que des Français soient présents. Notre rôle sera de nous renseigner, de voir ce qui se passe, puis de donner au Général des indications nécessaires à l’engagement de la division au cas où elle recevrait l’autorisation d’intervenir; dans le cas contraire, de rentrer dans Paris avec les troupes alliées pour que la libération de la capitale ne se passe pas sans troupes françaises ».
Ces instructions furent reçues avec enthousiasme. Jamais, même dans les moments d’exhaltation les plus optimistes, on n’avait osé espérer avoir Paris à libérer!
La remise en état du matériel fut menée rondement. Les effectifs avaient été recomplétés comme ils devaient souvent l’être durant toute la campagne, en recrutant sur place des garçons de bonne volonté qui avaient les qualifications nécessaires. Au volant de véhicules de récupération, guis comme aide-conducteur sur char au automitrailleuse, ils avaient été formés sur le tas par leurs camarades plus expérimentés: ils devaient bientôt raconter aux civils admiratifs qu’ils avaient fait le Tchad, Bir Hakeim, l’Italie et le débarquement de Normandie. Mais ils avaient du courage à revendre, c’est ce qu’on leur demandait.
Le 21 août, le sous-groupement auquel s’était ajouté la compagnie Perceval du III/ R.M.T., partait vers l’est aux ordres du colonel de Guillebon et faisait étape à Nogent le-Roi : la progression fut rapide car aucune troupe, ennemie ou alliée (heureusement) n’était en vue. Les civils, qui semblaient vaquer à leurs occupations des champs étaient à la fois surpris et ravis de voir des compatriotes dans ces colonnes de blindés.
Le 22, la division avait reçu le feu vert. C’était donc la première partie de la mission qu’il fallait remplir, et ce fut sans doute une des plus belles missions de cavalerie de l’histoire: préparer l’engagement des forces qui devaient libérer Paris. Mais, en présence de renseignements confus concernant la situation des forces allemandes autour de Paris, il était nécessaire d’aller voir de près de quoi il retournait.
De Rambouillet à Arpajon, les spahis, appuyés par une poignée de fantassins du Tchad allaient donc entrer en contact avec l’ennemi. `
Peu avant Trappes, à l’Agiot, les automitrailleuses de Bergamin se heurtèrent à des chars: quinze furent dénombrés, l’obusier du peloton fut touché et trois hommes d’équipage tués: Rondeau, Runk et Jardin.
Montigny le Bretonneux, Voisins le Bretonneux, Châteaufort marquaient la limite à partir de laquelle la progression ne pouvait se poursuivre sans une attaque en force. Par contre, vers Arpajon, n’avaient été rencontrés que des tireurs isolés qui avaient tout de même montré leur efficacité en abattant le brigadier Piquet, du 4eme escadron.
Dès lors, le Général était renseigné et allait pouvoir prendre sa décision: le 24 serait prononcée l’attaque principale par la route venant d’Orléans, étayée par une action analogue par l’axe Chevreuse-Clamart-Sèvres. La première serait menée par le G.T.V. éclairé, rappelons le, par le 3eme escadron. La deuxième allait être confiée au G.T.L., avec lui, toujours le 2e escadron, commandé alors par le lieutenant Paucat. Le G.T.D., avec le 5e escadron, devait être engagé dans le sillage du G.T.V.
A Morel Deville, bientôt rejoint par le reste du Régiment, revenait la. mission de couvrir la gauche de la division en faisant le maximum de volume pour fixer l’attention des concentrations blindées signalées à l’ouest de Paris.
Le 24, avec des moyens réduits, allaient être poussées des reconnaissances en force sur les axes:
– Voisin-Guyancourt-Versailles
– Montigny-Trappes-St Cyr l’École-Versailles.
Les deux détachements étaient commandés par Martin-Siegfried et Oddo qui, comme St. Cyriens, avaient arpenté à pied et à cheval ces terrains d’exercice contre toutes sortes d’hypothétiques ennemis. Ils purent pénétrer dans Voisins et Montigny-le-Bretonneux, le Manet et même Trappes, mais, presque sans infanterie d’accompagnement, leurs blindés légers ne purent aller plus loin.
La journée du 25 août se passa comme dans un rêve. Sans transition, l’on passait du combat à la fête. Jusqu’à Versailles, les barricades ennemies avaient été abandonnées, mais la progression restait celle d’une troupe d’attaque. A Versailles, la foule en liesse était si compacte que Morel Deville dut faire ouvrir les grilles du Château pour donner tranquillement ses ordres.
La route de St-Cloud par la côte de Picardie et Ville d’Avray était vide d’Allemands, d’habitants et de résistants, et le pont de St-Cloud fut atteint sans incidents ni délais. L’avenue de la Reine, conduisant à la Porte de St-Cloud, était obstruée par quelques barricades gardées par des civils qui les ouvraient obligeamment. La couleur des calots invitait parfois certains poings à se lever, mais ils s’ouvraient rapidement en un salut plus fraternel.
A la porte de St-Cloud, la confusion était extrême. La foule hurlant sa joie envahissait tout: chaussée, trottoirs, refuges; les unités étaient mélangées, Shermans, half-tracks, jeeps étaient complètement recouverts de civils et les hommes d’équipages de rouge à lèvres. Des drapeaux tricolores flottaient partout. Mais la guerre n’en était pas finie pour autant; des obusiers tiraient vers le nord, des postes radio grésillaient et les chefs arrivaient à donner des ordres.
C’est ainsi qu’à partir de là, le peloton Serizier fut envoyé réduire une position ennemie à Neuilly. Aidé de deux T.D., il en venait à bout après une demi-journée de combat, détruisant plusieurs véhicules dont une A.M. et un « Ferdinand » (char fortement blindé et armé d’un canon de 88).
Martin-Siegried était engagé contre un ennemi occupant l’île de Billancourt, mais, faute d’infanterie ne pouvait franchir le pont défendu par une barricade. Savelli, renforcé du peloton Oddo, s’installait en bouchon face aux blindés signalés à Chatou et vers le Mont Valérien.
Extrait de « Calots rouges et croix de Lorraine » de Paul Oddo et Paul Willing du RMSM
Contexte historique service historique de la défense
De son propre chef, le général Leclerc décide le 21 août d’envoyer vers Paris un fort détachement de reconnaissance, dirigé par le commandement de Guillebon. Il en sera réprimande par son supérieur le général américain Gerow. Le détachement de Guillebon se compose de 10 chars légers, de 10 automitrailleuses et de 10 véhicules blindés et est constitué d’environ 150 hommes. Il démarre le 21 août à midi. Il a pour mission d’éviter tout contact avec les troupes américaines ce qui implique qu’il devra par lui-méme se rendre compte de la situation des troupes allemandes. En fin d’après-midi, il a atteint Nogent-le-Rotrou. De là, il divise son détachement en trois éléments qui vont respectivement avancer :
> vers Dreux et Houdan.
> vers Rambouillet.
> et vers Chartres, Ablis et Dourdan.
Les renseignements recueillis, soit auprès des organisations de la Résistance, soit auprès des éléments dont il est question ci»dessus, amènent de Guillebon à la conclusion qu’une attaque frontale par les routes directes de Rambouillet en passant par Limours, Orsay, Palaiseau, Massy, Antony puis Paris se heurtera à une forte opposition, mais qu’en se dirigeant plus à l’est de façon à entrer à Paris par le sud, l’avance sera beaucoup plus facile.
De Guillebon va lui-même jusqu’à Arpajon où il arrive à la fin de la journée du 22 et d’où il envoie de nouvelles reconnaissances en direction de Longjumeau. Il aurait pu sans doute aller plus loin, mais il lui faut tenir le général Leclerc au courant de ce qu’il a découvert.
Dans la nuit du 22 au 23, de Guillebon reçoit un message radio de Leclerc lui demandant « d’éclairer » l’axe RambouiIlet-Versailles.
De Guillebon tente de lui répondre qu’il est préférable d’aborder Paris par le sud, mais le message ne passe pas. Il se voit contraint le matin du 23 août de revenir à Rambouillet par Limours, pour rendre compte à Leclerc.
Avant de rencontrer Leclerc, de Guillebon lance deux autres reconnaissances. Ces reconnaissances sont menées par le régiment de Marche du Tchad sous l’autorité du chef d’escadron Morel-Deville. La première à partir de Rambouillet, emprunte la R.N. 10 en direction de Versailles. Elle est placée sous les ordres du lieutenant Bergamain. Le lieutenant Bergamain avance sur la nationale 10. A l’entrée du Perray, il se heurte à quinze chars allemands. Il est légèrement blessé et rendra compte a Leclerc le 23 août à midi, le visage ensanglanté.
Le même jour, à La Verrière, un élément de reconnaissance du 1er Régiment de Marche des Spahis Marocains chargé d’estimer le potentiel des forces allemandes est touché par un char Tigre, dissimulé sous des arbres, dans un verger adossé à une grange, au lieudit « l’Agiot ». Du carrefour de la Malmedonne s’élève une épaisse fumée noire ; le char « Sanglier » de la 2ème DB est détruit.
Sur les hommes d’équipage du char trois perdent la vie. il s’agit de : Blondeau, Louis Rink et Moïse Jardin.
Un monument situé en bordure de la R.N 10 rappelle cet événement tragique.
La seconde aux ordres du lieutenant Serizier doit reconnaître Dampierre, Voisins-le-Bretonneux, Guyancourt, Satory puis Versailles.
La Commune de Voisins-le-Bretonneux occupe une position stratégique entre la gare de triage de Trappes et l’aérodrome de Guyancourt.
Les soldats de la 2e DB vont se heurter à une forte résistance allemande.
Après avoir libéré Dampierre le 23 août à 9h15, le peloton Serizier atteint Voisins-le-Bretonneux qu’il réussit à occuper.
Le gros du détachement Morel-Deville (2e escadron du 1er régiment de marche de Spahis marocains) s’installe aux Granges, près de l’abbaye de Port-Royal le 23 août, puis rejoint Voisins-le-Bretonneux le 24 en vue des combats qui vont se dérouler au nord de la localité.